5 questions à Azza Besbes, Femme Francophone de l’année 2018

La sabreuse tunisienne Azza Besbes a été élue Femme Francophone de l’année 2018 pour son engagement citoyen pour le développement du territoire par le sport.

Azza Besbes vise les Jeux olympiques de Tokyo-2020 et pourquoi par les Jeux de la Francophonie 2021. Photo DR/.

Azza Besbes est connue pour son palmarès au sabre féminin : vice-championne du monde en 2017, quart-de-finaliste des Jeux olympiques de Rio-2016, et 11 fois championne d’Afrique. Un peu moins pour ces actions citoyennes. Pourtant, c’est bien pour celles-ci que la championne tunisienne de 28 ans a été saluée lors du 38e Congrès de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) le 5 novembre dernier à Lille : elle y a reçu le prix de la « Femme Francophone de l’année 2018 » (avec la Rwandaise Félicité Rwemarika). Entretien.

Propos recueillis par Floriane Cantoro
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.11 de janvier-février-mars 2019.

WOMEN SPORTS : Que représente pour toi ce prix de la « Femme Francophone de l’année 2018 » ?

Azza Besbes : C’est une belle reconnaissance de mon engagement citoyen pour aider les jeunes à pratiquer du sport, à s’émanciper par le sport et à oser. Une belle reconnaissance aussi de mon double parcours sportif et professionnel [ndlr, elle travaille chez EY à Paris, un cabinet d’audit et de conseils aux entreprises de grande renommée]. Pour un sportif de haut-niveau, c’est très important de bien représenter son pays. Je suis fière de pouvoir le faire avec ce prix pour la Tunisie. Outre les médailles, les distinctions individuelles hors-sport sont aussi un moteur. Cela m’encourage pour poursuivre mes actions et mes engagements.

Tu as été saluée pour ton engagement en faveur du développement du territoire par le sport. Peux-tu nous parler un peu plus en détail des actions que tu mènes sur le terrain ?

Je fais beaucoup d’accompagnement des jeunes sportifs tunisiens. J’essaie de me rendre disponible s’ils ont besoin de conseils, de faciliter leurs échanges avec les clubs français quand ils viennent en stage à Paris. En Tunisie aussi, je fais tout pour les encourager à pratiquer un sport, notamment les jeunes filles pour lesquelles, dans certaines zones marginalisées, le sport reste un tabou, même en 2018… Mon rôle est de leur montrer l’exemple.

Sens-tu une évolution des mentalités sur la thématique du sport féminin en Tunisie ?

Depuis 20 ans que je fais de l’escrime, le sport est passé d’un sujet tabou, notamment pour les femmes, à une pratique beaucoup plus courante. Les Tunisiens se rendent compte de la nécessité de pratiquer une activité physique. On voit de plus en plus de salles de sport dans les quartiers, les compétitions sont de plus en plus médiatisées, notamment dans les sports individuels, car ce sont souvent les Tunisiens qui pratiquent un sport individuel qui montent sur les podiums des plus grands événements sportifs mondiaux. Et parmi eux, on voit beaucoup de femmes. C’est une onde de choc pour les jeunes.

Quels sont tes futurs projets sportifs, professionnels et citoyens ?

Pour l’escrime, je vise les Jeux olympiques de Tokyo-2020. Récemment, j’ai rencontré un des organisateurs des Jeux de la Francophonie. L’événement m’a plu et je me vois bien y prendre part en 2021. S’il n’y a pas encore d’épreuve en escrime, je vais tout faire pour l’inclure au programme ! Professionnellement, je suis épanouie chez EY. Je grandis dans cette entreprise qui me permet également de continuer mes activités sportives et associatives. Coté citoyen, je vais très prochainement participer à un projet de caravane de championnes tunisiennes. On va tourner dans six ou sept villes du pays et organiser des petites compétitions dans les écoles primaires. Le but est que les jeunes filles puissent s’identifier à nous, qu’elles puissent rêver elles aussi et qu’elles sachent qu’on est à leurs côtés. Sur le plus long terme, j’aimerais monter un projet de construction d’infrastructures sportives dans les zones rurales, toujours en Tunisie.

As-tu un dernier message à adresser aux lectrices de WOMEN SPORTS ?

Le sport est un moyen incroyable pour s’émanciper et construire son leadership. Grâce au sport, j’ai pu faire les études que je souhaitais et avoir le métier que je voulais. Il ne faut pas considérer le sport comme une simple activité de loisir ou d’épanouissement, mais comme un bon moyen de mener à bien des projets dans sa vie et dans l’avenir.


 

Quitter la version mobile