Elisabeth N’Da, une serial entrepreneure épanouie !

Journaliste-productrice ivoirienne, Élisabeth N’DA Aya travaille dans la communication et dans l’événementiel, notamment sportif, depuis le début de sa vie professionnelle. De nature femme d’influence, notamment dans le monde des affaires sur l’Ouest du continent, en particulier en Côte d’Ivoire, elle s’est très tôt lancée dans l’entrepreneuriat. Elle dirige ses entreprises avec passion et professionnalisme. En citoyenne avertie sur les questions du genre (égalité femme-homme dans le milieu scolaire, sportif et de l’entreprise), elle nous livre ici avec humilité, espoir et engagement, sa vision sur ces sujets si importants dans le contexte africain. PROPOS RECUEILLIS PAR CAPUCINE LAZARE. Extrait du Women Sports Africa N.7.

WOMEN SPORTS AFRICA : VOUS ÊTES DEVENUE UNE « SERIAL ENTREPRENEURE » À SUCCÈS. ENTREPRENEURE, EST-CE PAR VOCATION ?

ÉLISABETH N’DA AYA : Plutôt une révélation je dirais ! Le monde de l’entre- prise et en particulier le métier de chef d’entreprise requièrent le goût du risque et génèrent beaucoup de stress mais un stress stimulant. Bien au contraire, je suis par nature une femme ambitieuse mais très réservée, voire timide. Quand j’étais jeune, je pratiquais beaucoup de sports, notamment le rugby pour ses va- leurs et sa philosophie. Et comme j’étais très énergique, j’avais choisi d’intégrer une équipe de garçons et tout se passait très bien. Avec ma fougue et mon énergie d’adolescente, je déstabilisais les garçons. Cette expérience sportive en milieu masculin a fortement forgé ma personnalité car il fallait m’affirmer pour inspirer du respect autour de moi. Peu à peu, la prise d’initiative et le leadership sont apparus comme mes principaux traits de caractère en société. Alors, l’entrepreneuriat s’est révélé à moi comme la meilleure voie professionnelle, c’est ce que j’aimais faire et c’est que j’aime toujours faire. D’ailleurs, j’ai tenté l’aventure très tôt, avant même la fin de mes études. C’est ainsi qu’au fil des années, je me suis prise au jeu. Aujourd’hui, j’adore ce métier, j’adore diriger et rendre service, un service de qualité.

WS : PARLEZ-NOUS DE VOS DÉBUTS DE CHEFFE D’ENTREPRISE ?

E.N.A : Comme dans tous les métiers, tout début est difficile car cela suppose un apprentissage du métier sur le terrain. Pour ma part, je n’étais pas tout à fait à l’aise avec certaines approches dans le management. Et puis, j’avais peur du regard des gens, du jugement des gens sur la qualité des services de mon entreprise etc. J’ai créé ma première entreprise alors que j’étais une jeune femme inexpérimentée. Je n’ai jamais travaillé comme salariée. Cela étant, mon avantage dans ce que je fais au quotidien c’est que je traite de sujets que je connais plus que tout et que j’aime ce que je fais. Bref, je « m’éclate » dans ce métier. Et cela m’a très vite rassurée de voir que mes clients, mes partenaires et mes collaborateurs l’ont compris assez tôt. Même s’il est vrai que l’on s’amé- liore en pratiquant un métier, les gens ont vu que j’étais capable de grandes réalisations, dans la qualité et la rigueur. Pour la fille d’une femme illettrée et com- merçante loin de la capitale – nous vivions à Bouaké à l’époque – obtenir une telle re- connaissance est un objet de satisfaction remarquable. C’est ici le lieu de rendre un vibrant hommage à mes parents pour les valeurs humaines et humanistes qu’ils m’ont transmises, avec une mention spéciale pour mon illustre père qui n’est plus parmi nous, hélas.

WS : VOUS AVEZ ÉVOQUÉ LES DIFFICULTÉS POUR UNE FEMME D’ÉVOLUER DANS UN MILIEU TRADITIONNELLEMENT MASCULIN. AVEZ-VOUS ÉTÉ VICTIME DE SEXISME À UN MOMENT DONNÉ DE VOTRE PARCOURS ?

E.N.A : Il est vrai que l’on ne fait jamais l’unanimité ; quoiqu’il arrive. Je dois dire que j’ai reçu quelques remarques désobligeantes ou déplacées. Cela a commencé dès mes premières années de pratique sportive. Cela s’est produit aussi dans ma vie professionnelle parce que malheureusement des stupides, il y en a partout, hélas. Faut-il en rester là et se recroqueviller sur soi ? Bien évidemment, la réponse est non ! En toute

Ses valeurs humaines et humanistes, Élisabeth N’DA Aya les doit à ses parents.

honnêteté, ma philosophie a toujours été de me dire que ce serait dommage pour moi de m’attarder sur ces commentaires négatifs. D’ailleurs, je conseille à toutes les filles et à toutes les femmes qui subissent ces agissements de ne pas y accorder une attention particulière en termes professionnels tout en dénonçant vigoureusement ces pratiques d’un autre âge qui n’ont aucune raison d’être tolérées aujourd’hui. De plus, il faut ajouter que je reçois tellement plus de messages bienveillants tout comme des compliments sur mon travail qui me font énormément de bien. Ce qu’il faut noter c’est que je prends mon métier très au sérieux, je travaille beaucoup et dur pour être à la hauteur. Cela me donne à chaque fois envie d’aller plus loin et plus fort, clin d’œil aux valeurs du sport.

WS : AUJOURD’HUI, OÙ EN ÊTES-VOUS DANS LE DÉVELOPPEMENT DE VOS AFFAIRES ?

E.N.A : Que de chemin parcouru depuis ma première entreprise créée ! En effet, j’ai commencé par créer INNOVATION en 2005 puis j’ai enchaîné avec RESURRECTION en 2018 suivie par EDAURIANNE & BROTHERS à Accra en 2019, ARMELYS ART en 2021, LC&M ROOM en 2021 puis des filiales RESURRECTION Accra en 2022 et RESURRECTION France en 2023.

Vivre de ma passion de cette manière-là et avoir un tel sentiment d’accomplisse- ment au quotidien, je ne pouvais pas rêver mieux, en toute sincérité. De plus, je rends grâce à Dieu pour avoir rencontré et noué de très solides partenariats au niveau international avec deux personnalités très importantes pour moi. Ces partenariats me permettent de donner une autre dimension à mes aventures d’entrepreneuse.

Le premier a un caractère très stratégique pour moi. Il s’agit de la remarquable collaboration avec le Cabinet Foulo Basse Conseil, fondé à Paris par Monsieur Foulo Basse, Ancien Directeur Général des Services de l’Université d’Évry Val d’Essonne en région parisienne. Ce cabinet est une société de conseil en stratégie responsable, en développement de produits, de services ou de politiques durables, en reporting extra-financier, en accompagne- ment en démarche qualité. Cette société est, en plus, spécialisée dans les sujets de genre, d’actuariat, de formation et d’accompagnement au changement. Le second partenariat concerne la collaboration entamée avec le hub multimédia WOMEN SPORTS AFRICA présidé par mon ami Bru- no Lalande, un autre homme de valeurs hautement humanistes.

WS : EN TANT QUE CHEFFE D’ENTREPRISE CONNUE ET RECONNUE POUR VOS QUALITÉS DE SERVICE, QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR L’ÉVOLUTION DE L’ENTREPRENEURIAT AU FÉMININ EN AFRIQUE ?

E.N.A : De mes débuts de créatrice d’entreprise à aujourd’hui, je peux affirmer que j’ai vu beaucoup d’avancées, incontestablement. Au début par exemple, j’ai eu beaucoup de témoignages de jeunes femmes cheffes d’entreprise qui ont subi des choses intolérables ou des propositions honteuses contre l’attribution d’un marché, de passation d’une commande par exemple ! Il y a de moins en moins de cela aujourd’hui. Des phénomènes de lutte en faveur de la femme comme le « Me Too » combinés à des durcissements réglementaires y sont forcément pour quelque chose. Pour ma part, il est vrai que j’étais considérée comme professionnelle mais je devais faire mes preuves plus que mes concurrents. Aujourd’hui, d’une manière générale, nous devons toutes et tous pour- suivre ce combat en faveur de l’égalité et de l’inclusion, en particulier en milieu scolaire, universitaire et dans l’entreprise. Ayant longtemps pratiqué du sport, je considère que les disciplines sportives, quelles qu’elles soient, permettent de renforcer l’inclusion sociale et l’égalité entre les sexes.

WS : QUE POUVEZ-VOUS NOUS DIRE DE L’ÉVÉNEMENT QUE VOUS PRÉPAREZ AVEC MONSIEUR LE MINISTRE IVOIRIEN DES SPORTS CLAUDE PAULIN DANHO?

E.N.A : Un événement avec du sens et de l’engagement pour partager ! En étroite collaboration avec le magazine Women Sports Africa et le cabinet Foulo Basse Conseil, sous le haut patronage de Monsieur le Ministre Claude Paulin DANHO, nous allons organiser mi-juillet 2023 une conférence de presse à Abidjan qui sera suivie d’un Colloque d’une journée en octobre 2023 avec un dîner de gala et des animations artistiques (musicien, conteur et humoriste). Le thème retenu est « Sport, Éducation et Santé : valeurs inclusives et de lutte contre les inégalités sociales en Afrique ». Ce sera un fort moment d’échanges et de partage sur nos valeurs fondamentales en faveur de la justice so- ciale et de l’égalité femme homme.

WS : POUR CONCLURE, UNE QUESTION ME TARAUDE UN PEU L’ESPRIT EN VOUS ÉCOUTANT DEPUIS LE DÉBUT DE NOTRE ENTRETIEN. VOUS ÊTES UNE JEUNE FEMME COMBLÉE, COMMENT EST- CE POSSIBLE DE MENER UNE VIE PROFESSIONNELLE AUSSI INTENSE ET EN MÊME TEMPS UNE VIE DE FAMILLE ÉPANOUIE ?

E.N.A : (rire et sourire) c’est une excellente question car vous me donnez l’occasion de dire une chose essentielle. Je suis cette personne épanouie qui vit son rêve grâce à une famille formidable. La providence m’a donné un homme formidable, attentionné et exceptionnel à tous points de vue. Mon homme m’a poussée, soutenue et assistée afin que je puisse toujours aller de l’avant et à toujours viser plus haut. En plus de l’amour de ma vie, j’ai des enfants adorables comme tous les parents en rêveraient d’avoir. Ils me boostent quotidiennement avec leur énergie positive. Voilà le secret de mon épanouissement !

Quitter la version mobile