Sarah Ourahmoune, Jamais K.O. !

Immense championne de boxe, Sarah Ourahmoune est aussi une femme d'affaires et une marraine au grand coeur. (c) Reebok.

Impossible de passer à côté du phénomène Sarah Ourahmoune. Depuis sa retraite sportive au lendemain des JO de Rio, l’été dernier, la vice-championne olympique de boxe catégorie moins de 51 kg est sur tous les fronts ! Business woman, ambassadrice FDJ pour le sport au féminin, membre du bureau exécutif du CNOSF, déléguée interministérielle en Seine-Saint-Denis… « Je cours dans tous les sens ! », nous avoue celle qui est aussi une jeune maman. Nous avons tenté de suivre sa foulée…

Par David Tomaszek

Elles ne sont pas si nombreuses, ces femmes susceptibles d’apparaître dans toutes les rubriques de Women Sports. À la fois « Championne » et « Femme d’influence », Sarah Ourahmoune aurait également sa place dans les pages « Business » pour nous présenter sa société Boxer Inside, avec un encart « Shopping » pour dévoiler les gants connectés qu’elle commercialise depuis peu, mais aussi dans la rubrique « C’est bon pour moi ! » pour nous donner un cours de « Fit Boxing » comme elle l’a fait le 23 mars dernier dans le cadre d’une opération parrainée par FDJ, et même dans les pages « Sport Plaisir et Découverte » pour nous conter des voyages qui ont eu un rôle clé dans la conquête de sa médaille olympique. Multicarte, éclectique, hyperactive… Sarah Ourahmoune est tout cela à la fois. Son emploi du temps est très dense. Au point que la jeune maman emmène sa petite fille Ayna, 3 ans et demi, dans la plupart de ses rendez-vous. « Elle était au Sénat avec moi la semaine dernière. A la fin, elle courait partout et montait sur l’estrade ! ». Le CV de Sarah, 35 ans, est long comme le bras. Comment en est-elle arrivée là ? Retour en arrière.

La boxe, une passion qu’elle a su quitter deux fois

Les rapports de Sarah avec le sport qui l’a faite reine illustrent la complexité du personnage. Au départ, la native de Sèvres (Hauts-de-Seine) pratique le taekwondo. Lorsqu’elle déménage à l’adolescence à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), elle envisage de poursuivre dans cette discipline. Mais durant l’été, le gymnase qui héberge le club local de l’art martial a brûlé ! Sarah s’essaie alors à la boxe anglaise et adhère immédiatement : « J’ai adoré l’esprit d’équipe et l’aspect stratégique du sport », nous confie-t-elle. Elle est alors âgée de 14 ans. Pas trop tard pour se lancer dans le noble art ? « Pas du tout. La boxe est une discipline à maturité tardive. D’ailleurs, je ne conseille pas aux parents d’inscrire leurs enfants trop tôt à ce sport. Des disciplines comme la natation ou l’athlétisme sont plus adaptées aux plus jeunes. ». Sarah remporte son premier titre de championne de France dès 1999 et enchaîne les résultats. En 2002, elle intègre l’INSEP… qu’elle quitte une année plus tard. « La vie en internat, ce n’était pas mon truc ». Elle est comme ça, Sarah. Pas rebelle, mais pas loin. D’ailleurs, après son troisième titre national en 2003, elle décide de « faire un break », sans date de retour. « J’avais commencé mes études pour devenir éducatrice et on m’a fait comprendre qu’il fallait faire un choix. A l’époque, la boxe féminine n’était pas encore olympique. Alors j’ai choisi les études… et j’ai repris le taekwondo en loisir. ».

« À l’époque, la boxe féminine n’était pas encore une discipline olympique. Alors, j’ai choisi les études »

En 2007, diplôme en poche, Sarah devient éducatrice et se spécialise d’emblée sur les populations « difficiles ». Une véritable vocation. « Je travaillais avec des toxicomanes, des prostituées, des enfants handicapés… ». C’est cette année-là qu’elle décide de reprendre la boxe, après avoir pesé le pour et le contre avec son compagnon, Francky. Une prometteuse médaille de bronze aux championnats d’Europe 2007 plus tard, et avant l’échéance cruciale des championnats du monde de 2008, elle décide contre l’avis de tous de s’offrir un long voyage en Espagne pour « faire le point ». Un pari gagnant. Sarah Ourahmoune décroche dans la foulée le titre mondial à Ningbo, en Chine, et inscrit son nom dans la légende de la boxe française.

Pour Sarah, la vie de famille a toujours été une priorité. (c) Juliette Jem – So Senz

Championne, présidente d’association, chef d’entreprise… et même artiste-peintre !

Afin de ne surtout pas s’ennuyer, Sarah multiplie les expériences. Passionnée de peinture, elle se fait en 2010 illustratrice pour l’ouvrage « Destin et tout peut basculer ! » de son amie Sylvie Albou-Tabart. En 2011, elle crée avec Francky l’association Dynamic Boxe qui a un double objet social : aider par la boxe les enfants handicapés mentaux (notamment autistes) – c’est le projet « Handi Boxe » – et permettre par ailleurs à des mamans de s’adonner à ce sport grâce à un dispositif inédit, une halte-garderie située en mezzanine du gymnase d’entraînement !

«La boxe ? Je t’aime, moi non plus… »

Après une médaille d’argent à l’Euro de Rotterdam, nouvelle coupure dans sa carrière sportive. En 2012, Sarah fait une « pause bébé ». La boxe ? Je t’aime, moi non plus… La vie de famille est prioritaire. Mais bien sûr, pas question pour autant de rester « monotâche ». Sarah envisage un nouveau projet au confluent de ses activités professionnelles et associatives : créer un centre social. Il lui manque quelques compétences ? Qu’à cela ne tienne. Sarah valide un Master à Sciences Po Paris pour acquérir les armes qui lui manquent. Confiante et dotée de sa réputation de championne, elle intègre un incubateur puis crée en 2014 sa société, Boxer Inside. Une nouvelle vie commence : celle de chef d’entreprise ! Sarah développe rapidement une activité de séminaires en développe- ment personnel. Ses clients ? Des entreprises désireuses d’utiliser l’expérience de la championne pour souder leurs équipes. « Cette semaine, je suis intervenue pour la MAIF sur le thème de l’engagement solidaire. Dernièrement, c’était pour AG2R sur la santé et le sport en entreprise… ». Elle a même donné une conférence à Harvard après les jeux de Rio ! Mais Sarah a aussi un projet industriel derrière la tête : créer des gants connectés. Après une première tentative avortée avec un prestataire qui ne donne pas satisfaction, elle trouve le bon partenaire. Il s’agit de la SSII Esens Consulting. Une société qui l’avait soutenue dans son projet olympique financé par crowdfunding. Eh oui, car après une pause pour maternité, Sarah a effectué son deuxième come-back dans la boxe ! Avec le résultat que l’on sait : une médaille d’argent à Rio pour conclure une riche carrière sportive.

Déléguée ministérielle et membre active du CNOSF

Place à une nouvelle vie sans la boxe… mais pas sans le sport. Résumons-nous : il y a donc les affaires (prestations de séminaires et gants connectés), l’association (handi-boxe et boxe pour les mamans). Deux casquettes seulement ? Vous voulez rire… Sarah a intégré dernièrement le bureau exécutif du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). « Je suis élue en tant que vice-présidente en charge des athlètes et des mixités. Ma mission est de formuler des propositions pour améliorer le quotidien des athlètes et pour faire avancer les questions du sport féminin, du sport pour les handicapés ou encore la promotion de la pratique sportive dans les quartiers sensibles.». Une fonction qui va de pair avec son implication dans la candidature de Paris 2024. « Je m’implique dans tout le volet héritage : création de logements et d’emplois. La candidature doit être inclusive pour la Seine-Saint-Denis. Je vais parler de cette candidature dans les écoles, dans les entreprises… ». Sans oublier la mission de « Déléguée du gouvernement en Seine-Saint-Denis » que lui a récemment confiée l’État. Un job qui survivra au changement de majorité. « C’est une mission jusque fin décembre. Je crée notamment un incubateur pour des petits clubs sportifs en Seine-Saint-Denis. C’est le programme « Vivre en sport ». » Côté sponsors, Sarah dispose d’un contrat de dotation avec Reebok et est ambassadrice pour Bridgestone. Mais c’est surtout son rôle auprès de FDJ qui illustre le mieux son engagement (voir encadré).

La liste des attributions de Sarah Ourahmoune donne le tournis. Alors misons sur l’esprit de synthèse de notre poids mouche préféré pour y voir plus clair. Elles se répartissent comment, ces innombrables casquettes ? « Je dirais 25% business, 25% missions institutionnelles, 10% activités associatives et 40% pour la vie de famille. » Le plus fou, c’est que malgré toutes ses casquettes, Sarah n’a même pas la grosse tête…

Ambassadrice FDJ, un rôle qui lui va comme un gant

Depuis mars dernier, Sarah Ourahmoune est officiellement ambassadrice du programme
« Sport Pour Elles » FDJ. Créé en 2016 par Stéphane Pallez, Présidente-Directrice Générale du Groupe FDJ, ce dernier a pour but de favoriser la pratique du sport féminin, de promouvoir sa médiatisation et de soutenir ses athlètes. Mais le lien qui unit FDJ et Sarah Ourahmoune est en réalité bien plus ancien. En devenant Challenger FDJ en 2010, la boxeuse avait pu bénéficier de l’accompagnement de la Fondation FDJ dans sa carrière de sportive de haut niveau. Grâce à une bourse, elle avait notamment pu se consacrer à ses entraînements, jusqu’à sa médaille d’argent à Rio. Aujourd’hui, c’est donc en tant qu’ambassadrice que Sarah Ourahmoune se tient aux côtés de FDJ. Elle a notamment inauguré la nouvelle plateforme de financement participatif lancée dernièrement dans le cadre du programme « Sport pour Elles ». Via cette « chaîne de sponsoring participatif dédiée aux projets sport au féminin », FDJ s’engage à soutenir 15 projets d’associations, de sportifs amateurs ou d’athlètes de haut niveau, ayant comme dénominateur commun le sport au féminin. Sarah Ourahmoune présidera le jury qui attribuera à l’un de ces projets le prix « Coup de cœur FDJ 2017 ». Elle participera également à toutes les actions FDJ en faveur du sport au féminin, dans le cadre de Paris 2024 ou lors de « La Course by Le Tour », version féminine du Tour de France, dont FDJ est un partenaire majeur.

Le Jardin secret de Sarah Ourahmoune

Son film préféré : « P.S. I love you », de Richard LaGravenese avec Hilary Swank et Gerard Butler. « Un film d’amour que j’ai vu au moins 10 fois »
Son livre de chevet : « Courir ou Mourir » de Kilian Jornet
Sa devise : « Sky is the limit »

Une armoire à trophées qui déborde !

PALMARÈS SPORTIF
• Médaille d’argent aux JO de Rio 2016
• Médaille de bronze aux championnats du monde 2016 à Astana
• Médaille d’argent aux championnats d’Europe 2011 à Rotterdam
• Vainqueur des Ceintures Montana 2011, 2012 et 2015 en moins de 51kg
• 10 fois championne de France en 1999, 2000, 2003, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2015 et 2016
• 3 fois championne de l’Union européenne à Lille en 2007, à Liverpool en 2008 et en Bulgarie en 2009
• Médaille de bronze aux championnats d’Europe 2007 au Danemark
• Championne du monde 2008 à Ningbo (Chine)

DISTINCTIONS
• 2009 : « Gant d’éclat » aux « Gants d’or »
• 2009 : Trophée Femmes et sport, catégorie « coup de pouce »
• 2010 : Trophée Femmes et sport, catégorie « personnalité féminine »
• 2010 : Médaille d’or jeunesse et sports
• 2010 : Médaille d’or de l’Académie des Sports
• 2010 : Trofémina
• 2011 : Trophée « Richesse dans la diversité » Ambassade du Qatar
• 2012 : Chevalier de la Légion d’honneur
• 2016 : Officier de l’ordre national du Mérite

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