L’éducation par le sport, nouveau moteur du Maroc

Véritable patrie du sport, le Maroc a fait de sa pratique une nécessité depuis quelques années pour le développement et l’éducation de sa jeunesse.

La jeunesse du monde est en Afrique et le sport est un levier puissant d’éducation ! (Photo by Chamsi Dib)

Véritable patrie du sport, le Maroc a fait de sa pratique une nécessité depuis quelques années pour le développement et l’éducation de sa jeunesse. Après avoir accueilli les Gymnasiades en 2018, considérées comme les « Jeux olympiques du sport scolaire », le pays est cette année le théâtre du tout premier Sommet de l’éducation par le sport. 

Par Hugo Bernabeu 
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.16 d’avril-mai-juin 2020

Pour booster son économie, le Maroc mise notamment sur le sport. Fédérateur et attractif, le sport est en effet un excellent tremplin économique. En 2016, l’Euro de football a par exemple rapporté 1,22 milliard d’euros à la France, pays organisateur de l’événement. Coupe du monde de football, Coupe d’Afrique des Nations, championnats du monde de judo… Le Maroc s’est déjà positionné pour accueillir les prochains grands rendez-vous sportifs de la planète. Des initiatives qui en disent long sur sa volonté de devenir une place forte du sport en Afrique. Mais au-delà de sa dimension économique, le sport est également un puissant moteur d’éducation. 

C’est de ce constat qu’est parti Laurent Petrynka, président de la Fédération internationale du sport scolaire (ISF), pour organiser, en mai 2018, la toute première édition des Gymnasiades en Afrique. « Il s’agit en quelque sorte des Jeux Olympiques scolaires où les meilleurs jeunes des quatre coins du monde s’affrontent pendant une semaine sur 18 disciplines différentes », nous détaille-t-il. Un événement bien loin d’en être à son coup d’essai, puisque les premières Gymnasiades remontent à 1974, mais qui va véritablement prendre son essor pour sa 17e édition placée sous le signe de « l’éducation par le sport », à Marrakech et Casablanca. « C’était magique, se remémore Laurent Petrynka. Au total, plus de 3.000 jeunes de partout dans le monde se sont affrontés sur une palette de 18 sports allant du taekwondo au tennis, en passant par les échecs… Nous voulions aussi insister sur l’aspect culturel de l’événement en proposant à des jeunes venus de Chine ou du Pérou, qui n’ont jamais eu l’occasion de se rendre en Afrique, des ateliers et des visites pour découvrir ce magnifique pays et ses traditions ». 

Autre grande fierté du président de l’ISF : l’énorme engouement des pays du continent. « Nous avons fait un gros travail avec certains pays africains pour développer leurs infrastructures et même créer de toutes pièces leurs fédérations scolaires ». Des efforts récompensés puisque 28 nations africaines ont participé à l’édition au Maroc. Le pays hôte a d’ailleurs terminé à la deuxième place du podium général, derrière les jeunes athlètes ukrainiens (106 médailles), en récoltant pas moins de 87 médailles. Preuve, là encore, de l’implication grandissante des pays africains autour du sport scolaire. 

En attendant de revoir les Gymnasiades au Maghreb – le tournoi sera organisé en Normandie du 14 au 22 mai 2022 – les initiatives à destination des jeunes continuent de fleurir au Maroc. Le pays devait notamment accueillir, du 4 au 6 avril 2020, le tout premier Sommet de l’éducation par le sport à Casablanca. Cependant, l’événement a dû être reporté en raison de la pandémie du Covid-19 et aura finalement lieu l’année prochaine (du 3 au 6 avril 2021). Il s’agira d’un forum ambitieux ; il devrait réunir plus de 8.000 acteurs (hommes politiques, athlètes, représentants de clubs, coachs sportifs, parents et enfants) autour d’un objectif commun, « libérer le potentiel de la jeunesse africaine grâce à la force du sport ». « L’idée est aussi de démontrer comment le sport peut devenir une vraie brique du développement des pays émergents et pourquoi il faut en faire une nécessité institutionnelle identitaire en Afrique », étaye Mohamed Amine Zariat, président de l’association TIBU, qui chapeaute le projet. Au travers de conférences et d’ateliers, officiels et associations du monde entier auront l’occasion de mettre en avant des initiatives novatrices et de faire découvrir de nouvelles disciplines « comme le MMA ou le basket à trois », précise Mohamed Amine Zariat.

(Photo by Chamsi Dib)

Favoriser l’émancipation des femmes et des filles africaines grâce au sport 

Pour cette première édition, les organisateurs mettront l’accent sur l’émancipation des femmes et des filles africaines grâce au sport. Une thématique qui devrait être abordée en association avec le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), au travers d’une douzaine d’ateliers et d’activités en extérieur animées par des coachs sportives. « Nous partons d’un principe simple : une fille ou une femme qui fait du sport va automatiquement impacter positivement son entourage. Elle va donner envie à ses frères, ses soeurs, ses enfants de s’y mettre. Et c’est le meilleur moyen de diffuser des valeurs de respect, de tolérance et d’inclusion. » 

Dans ce domaine, l’association TIBU pourra déjà s’appuyer sur son expérience. L’année dernière, elle a par exemple organisé le premier programme d’insertion professionnelle par le sport au Maroc. Une formation d’un an autour du sport, des langues, du marketing et de la communication, couplée à un stage en entreprise qui a permis à 60 jeunes filles et jeunes garçons de trouver un emploi dans le monde du sport. Chaque été, l’association marocaine organise également les TIBU Girls Camp, des camps d’entraînement gratuits pour développer ses performances physiques et techniques, mais aussi appréhender la notion de leadership, indispensable pour le sport de haut niveau. Pour l’instant focalisés sur la pratique du basket, les TIBU Girls Camp vont s’étendre à la pratique de nouvelles disciplines comme le football, le tennis et bien d’autres. 

(Photo by Chamsi Dib)

Mais les initiatives de ce genre restent rares et c’est pourquoi TIBU mise sur le Sommet de l’éducation par le sport pour mettre un vrai coup d’accélérateur. « De cet événement, des partenariats vont se former et des engagements seront pris », indique le président de l’association, déjà dans les starting-blocks pour renouveler l’expérience après 2021. Et si la première édition se déroulera au Maroc, pays d’attache de l’association, Mohamed Amine Zariat imagine déjà un sommet « au Sénégal ou en Côte d’Ivoire, avec toujours le même objectif : faire du sport le moteur de l’Afrique. »


 

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