Rencontre avec l’influenceuse Shirine Boutella : du tout petit au grand écran

Des réseaux sociaux au cinéma : rencontre avec l'influenceuse beauté franco-algérienne Shirine Boutella, 30 ans. Du tout petit au grand écran.

Shirine s’est lancée sur les réseaux sociaux en 2015 en postant des tutos beauté « pour le fun » ! (Photo Instagram @shirineboutella)

Elle s’est fait connaître il y a cinq ans en postant des tutos beauté sur internet. Depuis, Shirine Boutella a diversifié sa palette d’activités. Aujourd’hui, quand elle ne multiplie pas les collaborations sur les réseaux sociaux (au plus grand bonheur de ses 2,3 millions d’abonnés !), l’influenceuse franco-algérienne de 30 ans écume les plateaux de tournage pour le cinéma ou la télévision. Retour sur un parcours aussi fulgurant qu’inattendu. Entre spontanéité, doutes et karma, voici Shirine Boutella, sans filtre. Par Floriane Cantoro.

Extrait du magazine WOMEN SPORTS AFRICA N°2 de janvier à juin 2021. 

Si vous ne connaissiez pas Shirine l’influenceuse, vous n’avez pas pu passer à côté de Shirine la comédienne. Choisie par Mounia Meddour pour jouer l’un des rôles vedettes de son premier film « Papicha » en 2019 (voir encadré ci-dessous), la youtubeuse franco-algérienne a fait une entrée remarquée dans le monde du cinéma. Et un changement d’écran bien maîtrisé. Mais alors, comment passe-t-on du Net aux tapis rouges ? 

Des tutos beauté pour le fun 

« Je dirais que mon parcours est un mélange de beaucoup de chance et d’un peu d’insouciance aussi au départ », analyse Shirine Boutella. Car quand elle a commencé à poster du contenu sur les réseaux sociaux il y a cinq ans, c’était vraiment « sans prise de tête et sans anticiper quoi que ce soit. J’adorais le maquillage alors je me suis dit : « pourquoi ne pas parler make-up? ». C’était vachement spontané en fait, je le faisais vraiment pour le kiff. » 

A l’époque, Shirine a 25 ans et est titulaire d’une licence en cinéma et audiovisuel. Elle vit à Vienne pour apprendre l’allemand, l’une des langues maternelles de sa mère d’origine austro-algérienne. Le matin, elle prend des cours ; le soir, elle fait des petits boulots pour gagner sa vie. Et le reste du temps, elle s’amuse en postant des vidéos sur sa chaîne YouTube (« Mademoiselle S » à l’époque, « Shirine Boutella » aujourd’hui). Son contenu : des tutos beauté entre maquillage et produits bien-être, le tout enrobé d’une pointe d’humour et d’un naturel déconcertant. « Être soi-même, c’est ce qui fait qu’on peut attirer des gens sur les réseaux sociaux et fidéliser une communauté qui nous ressemble. » En plein dans le mille ! Les internautes sont vite au rendez-vous, principalement des jeunes femmes algériennes passionnées de make-up, comme elle. 

Sa personnalité va même jusqu’à séduire des sociétés de production ! Shirine fait donc ses premiers pas d’actrice en intégrant le casting de deux feuilletons télévisés tournés en Algérie en 2017 : « Casbah City » – une production comique dans laquelle elle joue le rôle d’un garçon manqué – mais surtout « El Khawa », série devenue ultra populaire dans le monde arabe et dans laquelle elle campe, deux saisons durant, une cheffe d’entreprise autoritaire et hautaine. « C’était une série vraiment différente de ce qu’il se faisait habituellement en termes de technique et de visuel, mais aussi au niveau des sujets traités avec un rôle féminin fort pour moi : celui d’une femme entrepreneure, qui fonce dans le tas et qui a de l’autorité. La vraie girl boss ! ». Et un vrai écho à l’image que Shirine Boutella veut donner des femmes algériennes. 

Victime du 2.0 et remises en question 

Grâce au succès de cette série, ses réseaux sociaux explosent. Son compte Instagram passe de 80.000 à 200.000 abonnés en quelques semaines lors de la diffusion des premiers épisodes. Et avec la notoriété, viennent aussi vite les déboires. « J’ai commencé à recevoir des messages malveillants, des commentaires méchants. Je ne comprenais pas pourquoi je n’arrivais plus à être sur la même longueur d’ondes que ma communauté, ces jeunes femmes passionnées de make-up avec qui j’échangeais et je partageais plein de choses au début. Parmi elles, il y avait désormais des curieux, des gens qui me suivaient sans vraiment m’apprécier ou apprécier mon travail. » Elle devenait une personnalité publique et c’est devenu de plus en plus difficile à gérer. Victime de gros « bad buzz » sur le Net en raison de propos repris et totalement sortis de leur contexte, Shirine « la spontanée » doit réfréner son naturel : « C’est le côté négatif des réseaux sociaux : les vérités sont modulées et transformées selon les envies. On est obligé de réfléchir à deux fois avant de publier quelque chose. » 

« Il m’arrive de masquer quelques boutons quand je présente un maquillage, mais je ne retouche jamais mon corps. »

SHIRINE BOUTELLA

Elle décide de déménager à Paris pour se réinventer et trouver un nouveau souffle. Aujourd’hui, malgré un métier rythmé par la pression des chiffres (car « il faut sans cesse justifier le nombre de followers, de likes et de partages »), Shirine cherche avant tout à s’écouter. « Je ne me force jamais à faire du contenu. Et je le dis d’ailleurs à mes abonnés, je suis transparente. » Elle essaie de « remettre un peu de fun » dans tout cet univers. Elle n’hésite pas non plus à utiliser sa notoriété pour passer des messages importants sur des choses qui la touchent telles que la place des femmes, la cause animale ou encore les injustices. Mais ce n’est pas systématique : encore une fois, elle suit son coeur, au risque de se faire lyncher par les internautes. « Les gens ne comprennent pas qu’on a le choix et le droit de ne pas s’exprimer sur tel ou tel sujet. On n’est pas des politiques, on n’est pas des porte-paroles. On ne représente ni une communauté, ni une religion. Moi je suis juste Shirine : je parle de ce qui me touche et donne des conseils make-up parce qu’à la base, le contenu d’une influenceuse beauté, c’est la beauté justement ! »

À ce sujet d’ailleurs, elle s’applique à ne pas mentir à ses abonnés. « Il m’arrive de masquer quelques boutons quand je présente un beau maquillage, mais je ne retouche jamais mon corps. J’essaie de prôner le selflove », assure Shirine, même si ce n’est pas plus facile de s’aimer pour une influenceuse beauté que pour les autres. « Je suis moi-même victime des réseaux sociaux quelque part. En ayant toujours le nez dessus, on a vite fait de se comparer aux autres… Mais j’essaie de transformer cette frustration en force pour trouver de nouvelles sources d’inspiration et de motivation. Dernièrement, j’ai d’ailleurs fait le tri et rangé tout mon appartement, poussée par les intérieurs impeccables de certaines influenceuses déco. » 

Un équilibre entre influence et cinéma 

Aujourd’hui, Shirine est dans une période transitoire de sa vie. Il y a du renouvellement dans tous les domaines : sport, alimentation, travail. Elle cherche à devenir « la meilleure version d’elle- même » comme le dit si bien l’influenceuse fitness Sissy Mua dont elle a suivi les cours en live pendant le confinement de novembre. « J’avais besoin de reprendre le sport, je me sentais mal dans ma peau. J’ai également contacté une nutritionniste avec laquelle j’avance doucement mais sûrement, et surtout sans aucune frustration. » Comme toujours, Shirine écoute ses envies. 

Côté professionnel, c’est le cinéma qui l’attire. « Je veux continuer mes activités sur les réseaux sociaux que j’adore, mais investir davantage dans ma carrière d’actrice. J’ai un talent à trouver et un jeu à développer », confie la jeune et pétillante comédienne. Depuis « Papicha », elle a déjà renoué deux fois avec l’acting en tournant dans la mini-série « Mention particulière : Bienvenue dans l’âge adulte »sur la trisomie 21 (qui sera diffusée cette année sur la chaîne privée française TF1), et en donnant la réplique à Omar Sy dans la très attendue série Netflix « Arsène Lupin » (également prévue pour 2021). Des rôles et des productions variées, comme le souhaite Shirine qui ne veut pas s’enfermer dans un genre en particulier. La néo-comédienne apprend « sur le tas » au contact des acteurs et des réalisateurs qu’elle croise sur les plateaux de tournage. « Je suis consciente d’avoir eu beaucoup de chance dans mon parcours jusqu’ici avec pas mal de bonnes rencontres qui sont arrivées au bon moment », admet-elle. « Mais je pense que c’est aussi une question de bonnes ondes et de karma : quand on est bienveillant avec les gens, on récolte leur bienveillance en retour. » Le positif attire le positif. C’est le mantra de sa vie. Et force est de constater qu’il lui réussit plutôt bien jusqu’ici. Quelque chose nous dit qu’on n’a pas ni de voir Shirine Boutella défiler sur les tapis rouges des plus prestigieuses soirées ciné.

Instagram : @shirineboutella (2,3 M). YouTube : Shirine Boutella, anciennement Mademoiselle S (562 K) 

Au cinéma dans Papicha 

En 2018, Shirine Boutella est choisie par la réalisatrice franco-algérienne Mounia Meddour pour camper le rôle de Wassila dans « Papicha », son premier long-métrage qui traite des désillusions d’un groupe d’étudiantes algériennes assoiffées de liberté en pleine décennie noire en Algérie dans les années 1990. « Mounia m’avait repérée sur les réseaux sociaux, raconte l’influenceuse. Elle cherchait un profil particulier, celui d’une jeune femme assez proche de la culture algérienne et qui sache parler arabe ». Pour cette native d’Alger, qui n’avait jamais tourné pour le cinéma, « Papicha » (ndlr, « jeune fille conquête » en français-arabe) fût un vrai défi. « Je voulais être à la hauteur de cette histoire si puissante et de sa réalisatrice qui l’a mûrie en elle pendant quinze ans. » Elle se souvient d’un tournage très humain, où « rien n’était figé ». Cette magnifique aventure s’est terminée en apothéose au Festival de Cannes 2019 (sélection dans la catégorie « Un certain regard »), puis aux Césars 2020 où le film a été doublement récompensé (Meilleur premier film pour Mounia Meddour et Meilleur espoir féminin pour l’actrice franco-algérienne Lyna Khoudri qui tient le rôle principal de Nedjma, alias « Papicha »). 

PAPICHA. Drame. France, Algérie, Belgique, Qatar 2019, 1h46. De Mounia Meddour. Avec Lyna Khoudri, Shirine Boutella, Amira Hilda Douaouda, Zahra Doumandji, Nadia Kaci. 
(Photo DR/.)

LA MINUTE TUTO

La trousse make-up pour débutantes

Voici les accessoires qu’il faut impérativement avoir pour se maquiller simplement.

POUR LE VISAGE 

Une petite éponge pour appliquer le fond de teint (et éventuellement l’anti-cernes). Shirine préfère l’éponge au pinceau qui laisse parfois des traces disgracieuses de poils sur les joues et le front. Ses favorites : la Beautyblender® original (16,90€ sur beautyblender.fr) ou la Real Techniques « Miracle Complexion Sponge » (environ 8€), toutes deux revendues en ligne sur de nombreux sites qui livrent partout dans le monde. 

Un pinceau large pour appliquer tous les types de poudres : la bronzante, la matifiante, le blush. C’EST UN INDISPENSABLE de la trousse make-up : si vous ne devez avoir qu’un seul pinceau, c’est celui-ci ! 

Shirine conseille de ne pas acheter du super « cheap » pour les pinceaux car vous allez vite le regretter : « ils ne sont pas d’une efficacité incroyable et les poils s’arrachent au bout de quelques temps. » Résultat, il faudra en racheter d’autres. Il n’est pas non plus nécessaire de partir sur du très haut de gamme style MAC. Il existe tout un tas de bonnes marques intermédiaires. Ses favorites : Zoeva, 40€ les quatre pinceaux et la pochette assortie, ou encore Morphe Brushes et ses sets intéressants de cinq pinceaux pour moins de 30€. 

Un pinceau fin pour appliquer l’highlighter et ainsi mettre en lumière certaines zones du visage (le haut des pommettes, l’arête du nez, le coin interne de l’oeil). 

Un gros pinceau pour travailler les détails du visage : le contouring, le blush, le bronzeur. Il sera plus maniable et plus rapide d’utilisation qu’un pinceau fin, et offrira au passage de meilleures finitions. 

Éventuellement d’autres pinceaux en fonction des produits cosmétiques appliqués. Pour Shirine, c’est bien de séparer les utilisations et d’avoir un pinceau par produit ou par couche. 

POUR LES YEUX

Une brosse à sourcils pour bien redessiner votre ligne et discipliner les quelques poils rebelles. C’est la base pour les yeux. Elle pourra également servir pour enlever les paquets créés par l’application du mascara sur les cils. 

Un jeu de trois ou quatre pinceaux (au moins !) de tailles et formes différentes : un pinceau boule pour estomper le fard à paupières, un ou deux pinceaux fins – un pour travailler les coins internes et externes de l’oeil et un autre pour appliquer les couleurs claires au niveau de l’arcade sourcilière et du coin interne de l’oeil – et enfin un pinceau biseauté pour appliquer l’eye-liner et/ou les couleurs foncées, travailler le ras-du-cil ou encore épaissir sa ligne de sourcil. 

POUR LA BOUCHE 

Un pinceau à lèvres pour appliquer les rouges à lèvres foncés ou en tube qui ont tendance à se déformer au fur et à mesure de leur utilisation. 

(Photo Instagram @shirineboutella)
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