Mériam, déficiente visuelle, va courir le Half Ironman de Marrakech

« Impossible » ne fait pas partie de son vocabulaire. Myriam, 38 ans, est née non-voyante. Cela ne va pas l'empêcher de faire le Half Ironman de Marrakech.

Malgré toutes les contraintes que son handicap lui a posées au cours de sa vie, Mériam a toujours voulu repousser les limites du possible. DR/.

Le mot « impossible » ne fait pas partie de son dictionnaire. Mériam, 38 ans, est née non-voyante. Malgré toutes les contraintes que ce handicap lui a posées au cours de sa vie, la jeune femme a toujours voulu repousser les limites du possible. C’est par le sport et notamment le triathlon que Mériam a excellé. Rencontre avec cette femme hors du commun, dont nous suivrons en direct la course, dimanche 27 octobre à Marrakech !

Pour Mériam, le sport était pourtant loin d’être une partie de plaisir à l’adolescence. Dispensée dès la 6ème des cours d’EPS, Mériam se réjouissait de ces « deux heures de pauses ». Mais lorsque la jeune femme a déménagé d’Orleans vers Paris, plus tard, pour des raisons professionnelles, elle a changé d’avis. Marre du train-train quotidien et du fameux « Métro-Boulot-Dodo », Mériam a repris les choses en mains. « Je me suis dit que ma vie n’était pas équilibrée, que j’avais besoin d’une source de distraction. » Elle prend alors contact avec des associations, qui lui proposent du tandem, « accessible pour les non-voyants ». Elle se dirige ensuite vers le roller, « ça me rappelait mon enfance avec mon frère et ma soeur ». Là, Mériam décide de se lancer un défi, encore plus fou : faire les 24 heures du Mans en rollers. « C’est une épreuve très endurante, alors je me suis alors mise à courir ». Pour se faire, elle prend contact avec une communauté de coureurs, « Courir en Duo, qui met en relation les coureurs valides et déficients visuels, afin de faire des sorties ensemble ». De fil en aiguille, Mériam se met aussi à la natation. Puis, par simple « défi personnel », s’inscrit à un triathlon. Et même si ce n’était pas prévu, elle y « prend goût » ! Depuis, Mériam s’est lancée des tas de défis, pour pousser « les expériences » au plus loin. Elle a ainsi couru « Le Raid Amazones » en 2015 à Bali, l’événement le « plus important » de sa vie, son « Everest » à elle. Elle réitérera en 2017, au Cambodge. La même année, elle participe, non sans crainte, au paratriathlon. Elle termine championne de France, mais ne reçoit pas la médaille, « pour des raisons administratives ». Un regret pour la jeune femme de 38 ans : « ça devait être moi sur le podium, cette victoire m’a été volée ».

Le Half Ironman de Marrakech

Malgré ces obstacles, Mériam ne compte pas s’arrêter là et vise de nouvelles « épreuves expérencielles ». Parmi ses défis, celui de ce dimanche 27 octobre, à Marrakech. Avec son partenaire Olivier Thibaut, Mériam s’envole pour le Maroc. « Ça va être une course magnifique et originale. Ce n’est pas une grande boucle comme on en a l’habitude avec les triathlons. La natation se fait dans un lac au pied de l’Atlas, puis on prend nos vélos pour traverser des villages et on arrive au centre de Marrakech pour entamer la course à pied. Le cadre est incroyable ! » raconte-t-elle. Même si elle ne s’est pas entraînée comme elle l’aurait voulu « à cause du boulot », la triathlète a dû ajuster son entraînement avec son partenaire. Pour s’habituer au tandem, facile, ils enchaînent les kilomètres. Mais pour la natation, l’affaire s’annonce plus compliquée. « On nage avec une corde qui nous relie à la cuisse. Il faut savoir se coordonner et se caler pour qu’on ne se tape pas trop dessus pendant la course », explique-t-elle. Et pour être le partenaire idéal, celui qu’on appelle le « guide » doit « ne jamais être en difficulté, afin qu’il soit lucide tout au long de la course ». Mais ces partenaires ne sont pas faciles à trouver. D’ailleurs, dans le but de rendre les rencontres plus faciles entre les guides et les déficients visuels, Mériam a participé à la création de l’association : « À 2 c’est mieux ». L’objectif ? « L’inclusion. On est souvent dans des clubs de triathlon valides. Et c’est très bien, puisque nos coachs ne font aucune différence entre valides et handis. Mais cette association nous aide surtout à mutualiser nos guides et notre matériel. Les gens se mélangent, même s’ils sont de clubs différents. Et c’est ça la beauté de cette entente : on dépasse la rivalité, et on devient tous solidaires ! »

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