En immersion : Douars en vie à Marrakech by Fondation Decathlon

Decathlon a pris part à un projet-pilote à Tassoultante, en zone rurale de Marrakech via sa fondation. Intitulé « Douars en vie », il s’adresse aux mères et enfants en situation de précarité au Maroc et s’étend sur 5 ans (2020-2025) avant d’être dupliqué, s’il montre sa réussite. L’enjeu était donc grand, et les parties prenantes l’ont relevé. Récit d’un engagement fort en faveur des populations à travers l’éducation, la santé et le sport ! Immersion.
Par Léa Borie
Extrait du magazine WOMEN SPORTS AFRICA N°6 janvier-juin 2023

Des actions éducatives et sportives en faveur d’un village tout entier

Nous sommes à 9 km de Mar­rakech, au cœur du Douar Sraghna, assez éloigné des services publics. Ici se trouve un quartier désor­mais plus dynamique et davantage relié au reste de la ville, grâce aux concours de plusieurs associations acharnées.

Dans cette région de Marrakech-Safi se trouve ce douar de 200 habitations assez précaires, composées de 245 enfants dont 202 sco­larisés et 220 femmes pour lesquels les organismes ont tenu à unir leurs forces pour rendre le quotidien des familles meilleur.

Un projet porté par l’Association Mekkil à Marrakech (ONG en faveur de la protection mère enfant dans les zones rurales au Maroc), pour qui la Fondation Decathlon a donné son aide et surtout son énergie afin que cela soit réalisable à une telle échelle. Cela a représenté un investissement de près de 79 000 € de la part de la Fondation, soit plus de 30 % du projet global sur cinq ans.

 « Douars vie, l’opportunité de participer à quelque chose de grand », Chaymaa

Avec son grand sourire qui en dit long sur sa gentillesse, et ses yeux pétillants de détermination à aider les plus démunis, Chaymaa Lagmih, née à Casablanca, nous retrace, de l’intérieur, à travers son vécu, l’accomplissement d’un pro­jet d’une telle ampleur qu’est Douars en vie. Chaymaa est « Decathlonienne » de Targa Marrakech.

Actuellement retail supplier and country brand manager chez Decathlon Maroc, à 29 ans, la jeune femme affiche déjà 5 ans d’ancienneté auprès du géant du sport, en pilotant le hub Afrique. Elle nous raconte à quel point elle a pu s’épanouir humainement au sein de la Fon­dation Decathlon.

Comment avez-vous pris part au projet « douars en vie » ?

Responsable ap­provisionnement, mon métier de base, je porte de nombreuses missions. Celle qui me tient le plus à coeur est la représen­tation de la Fondation Decathlon auprès des « Decathloniens » marocains. C’est comme ça que nous bâtissons des projets humanitaires collectivement. Et lorsque, il y a quatre ans, Jean-Pierre Haemmerlein, le fondateur de la Fondation, est venu nous présenter le projet « Un vélo pour elles », le premier projet lancé au Maroc, à Tiznit, par la Fondation. Cela m’a beau­coup marquée. J’ai vu ma participation comme une opportunité de prendre part à un grand projet, avec un impact positif pour les femmes. Ce qui m’a motivée à devenir la porte-parole de mon pôle, et de m’investir pour l’insertion professionnelle et l’éducation par le sport.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre investissement pour ce projet ?

Ce que j’aime, c’est que lorsqu’on porte un projet, on le porte au nom du magasin. Ça nous fait nous dire qu’on réussit ensemble. Ce n’est pas une personne seule qui monte un projet pour la ville. Nous travaillons en synchronisation et en symbiose entre colla­borateurs au sein du magasin. Les volontaires sont venus à notre rescousse au fur et à mesure du projet, on sait qu’on peut compter sur eux.

On apporte quelque chose de positif, autre qu’économique. Jean-Pierre, lors d’une de ses visites auprès de nous, avait énoncé une idée qui m’a marquée. Il nous a inter­rogé sur ce qu’on souhaitait laisser quand on ne serait plus de ce monde, et ce à quoi on penserait lors de nos derniers instants de vie : est-ce que ce serait une réalité économique ou ce qu’on avait pu apporter aux autres ? Je n’ai pas arrêté de penser à ça. Je me suis dit que j’étais bonne dans mon métier, les chiffres, mais que ma place était aussi là où je pouvais me rendre utile, pour être fière de ce que j’aurais accompli professionnellement.

Comment ce projet s’est-il mis en place avec le temps ?

Il a fallu d’abord organiser des sessions pour booster les habitants, changer la mentalité des parents surtout, qui pouvaient au départ être réfractaires. Notre attention s’est alors portée sur les femmes, partant du postulat suivant : « Si tu changes la mentalité de la maman, tu changes la mentalité de tout un peuple ». Notre objectif était de leur trans­mettre la valeur de la persévérance, pour s’accrocher et persister pour réussir, à tra­vers des cours d’alphabétisation. Au début, nous avions un tout petit groupe, et grâce au bouche à oreille, il a pu s’agrandir pour toucher plus de 60 femmes, à qui ont été dispensés des cours de langues arabe et français, de sciences naturelles et de géo­graphie. In fine, nous espérons à travers ces interventions qu’elles pourront s’insérer plus facilement dans le monde du travail. Voilà désormais qu’une usine textile importante de Marrakech a ouvert ses portes au Douar pour la formation et l’emploi. Pour que ces femmes s’intègrent, elles ont eu également accès à des activités ludiques et sportives. Et des baskets leur ont été données afin d’encourager la pratique du sport.

Du côté des enfants, il n’avait pas d’insti­tutrice au douar. Avec la présence de trois institutrices sur place, nous avons aménagé le préscolaire avec la mise en place d’un centre multimédia « Cap Digital » : mise à disposition d’une bibliothèque, grâce à l’ap­pui de Biblionef, et de jeux de société. Sur le plan sportif, les garçons s’adonnent au foot quand les filles sont davantage adeptes de ping-pong et de volley, mais tous participent !

Quelle est la suite annoncée ou espérée du projet Douars en vie ?

Sur les cours d’alphabétisation, il est gratifiant de voir que, d’une année sur l’autre, il y a eu une vraie progression. Quant aux jeunes, pour ne pas créer de jalousie et que la cohésion se développe entre les douars, nous organisons des challenges sportifs sur le Douar Sraghna, afin que les jeunes sachent qu’ils peuvent jouer, même s’ils viennent d’un autre douar. Preuve que le sport est vecteur de bonnes énergies et qu’il réunit les gens !

Pour la suite de Douars en vie, on espère que ça continuera de prospérer sur le douar en donnant un impact positif sur la communauté et que ça donne­ra un sentiment de satisfaction aussi grand que le mien aux personnes qui s’investissent pour ça. Et qu’à la suite de ces 5 ans de pilotage, ça donnera envie de dupliquer le projet sur d’autres douars une fois que la phase d’autonomisation du premier projet sera terminée !

Les évolutions du projet Douars en vie :

Initialement, le projet Douars en vie a cherché à travailler sur trois volets : l’éducation, la santé et l’écologie, en corrélation avec la pratique sportive. Depuis ses débuts, il a pu prospérer.

De vraies infrastructures sportives animées

La Fondation Decathlon a pu s’investir en aménageant un terrain multisport. Cette construction d’une aire de jeux sportive a permis la mise en place de séances de football, de volley-ball, de basket-ball et de ping-pong. Le planning de mise à disposition du terrain pour les séances s’adresse, en préscolaire, aux primaires et aux adolescents.

Les femmes ont quant à elles deux séances hebdomadaires qui leur sont dé­diées. Certaines sessions mêlent même mères et enfants, toujours dans le but de favoriser la participation des femmes. Des activités dispensées par des « Decathlo­niens » volontaires, des animateurs sportifs d’ONG ou de clubs sportifs comme Atlas Tennis Marrakech Académie, Karting de Marrakech, Ciel d’Afrique, ou même de la part d’une institutrice née dans le douar.

Contre le décrochage scolaire

Une cinquantaine de vélos Decathlon neufs a été distribuée par la Fondation aux jeunes pour qu’ils puissent se rendre à l’école afin de gommer au possible les inégalités par rapport aux autres élèves dont l’acces­sibilité à l’école était plus facile. De quoi contribuer à la lutte contre le décrochage scolaire.

Les jeunes filles qui ne savaient pas encore faire de vélo ont pu apprendre. « Aujourd’hui encore, des vélos qui étaient dans un état lamentable ont été changés », précise Chaymaa de Decathlon Maroc. Du matériel a aussi été distribué annuellement comme des sacs à dos et des baskets.

Pour que les jeunes soient encouragés à étudier et à conserver leur implication dans leurs études, des récompenses ont été mises en place pour ceux qui obtenaient les meilleures notes. Grâce au partenaire Ciel d’Afrique, en 2021, trois bacheliers ont bénéficié d’une sortie en montgolfière !

La santé avant tout

Le volet santé, prioritaire dans ce contexte, n’a pas été oublié du douar, puisqu’un dis­pensaire a été installé, suite à une cam­pagne de sensibilisation et au passage d’une caravane médicale pluridisciplinaire. Des paniers repas ont été proposés aux familles durant le Ramadan et pendant le Covid.

Pour le futur, Alexia Vanlaere, chargée de projet social à la Fondation Decathlon nous précise qu’un « projet de création d’une coo­pérative autour du métier de l’artisanat et de la couture est sur la table, pour continuer d’aider les femmes du douar à progresser dans l’insertion socio-professionnelle ».

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