Tanzanie : Marathon d’Arusha, rencontre avec un club sportif engagé

Arusha est une ville au nord-ouest de la Tanzanie, où de nombreux touristes vont gravir le Kilimandjaro. On constate aussi ces dernières années un changement du mode de vie des habitants à travers le pays, en particulier dans cette région. Bon nombre d’entre eux prennent les chemins du running pour rester en bonne santé et socialiser. C’est ici, lors d’une excursion sur place, que nous avons rencontré un groupe de collègues de la ville voisine. Reportage.
Par Léa Borie
Extrait du magazine WOMEN SPORTS AFRICA N°6 janvier-juin 2023

Un marathon dans la ville d’Arusha !

La veille du Marathon de Clo­ck Tower, on rencontre dans les rues d’Arusha, au détour d’un marché, Victor Joakim, « The Hero Champion » sur Ins­tagram, un coureur pieds nus en train de se faire peindre le drapeau de la Tanzanie sur le corps. Ambassadeur du tourisme, de la culture et des traditions du peuple africain, en particulier de la Tanzanie, c’est là qu’il nous raconte se rendre le lendemain à 6h au départ du Marathon d’Arusha, avec sa tenue traditionnelle, un pagne en cuir cousu lui-même, et son drapeau de la Tanzanie à l’épaule. Qu’à cela ne tienne, on s’y rendra !

Après quelques recherches et questions posées à notre hôtel, on apprend que cette course est organisée par The Arusha Run­ners, dont la baseline est « Cours avec ton coeur ». L’organisation, club sportif des cou­reurs d’Arusha, a aussi pour slogans : « Faire du sport pour une vie heureuse » et « Faites de l’exercice d’abord pour votre santé ». On nous garantit : l’ambiance y sera bon enfant !

Cap sur la tour de l’horloge !

Le réveil sonne. Bien trop tôt mais une course en pleine ville nous attend, nous sommes excités de voir comment celle-ci sera organisée et si nous y trouverons des coureuses chevronnées. On parcourt la ville d’un pas pressé pour arriver au point de ral­liement décrit la veille par notre éclaireur aux pieds nus. On commence à croiser des cou­reurs, et quelques coureuses, qu’on encou­rage haut et fort sur notre passage, jusqu’à gagner la ligne d’arrivée. Ici, on se concentre sur les femmes portant autour du cou une médaille verte, ce qui signifie qu’elles sont finishers du semi-marathon ! Elles sont peu nombreuses. Et puis là, on la voit passer la ligne d’arrivée, un casque de musique aux oreilles. Elle rejoint ses amis en dansant, elle respire la joie de vivre. C’est tout naturelle­ment qu’on s’approche d’elle, elle sera une bonne cliente pour une interview, c’est sûr ! Et ça n’a pas manqué. Sia Mboya est ravie qu’on s’intéresse à sa course. Le courant passe tout de suite très vite.

Elles sont quatre femmes dans son club à courir ce jour-là mais seule Sia a tenté le se­mi-marathon. La jeune femme nous raconte qu’elle s’est mise à courir sur le tard, une fois adulte. Elle vient de Moshi, une ville à une heure d’Arusha. Elle est venue spécialement ce matin pour participer à cette course. Le sourire aux lèvres, elle semble fière de son parcours. C’est sa 7e course et elle nous le promet : elle est loin de s’en arrêter là !

Une course engagée sur le plan environnemental

On monte sur le podium avec elle. C’est ici qu’on comprend qu’avec son club, ils courent pour défendre une cause importante : sou­tenir le PBWB. Il s’agit du Conseil des eaux de la vallée de Pangani (*), un organisme gouvernemental basé à Moshi. Pangani est une petite ville de 8 000 habitants de la côte tanzanienne située entre Dar es Salam et Tanga, à l’embouchure du fleuve Pangani dans l’Océan Indien. Sous couvert du mi­nistère de l’eau, l’office des eaux du bassin Pangani, le PBWB évalue les ressources en eau pour lutter contre les pénuries dans la vallée de Pangani. C’est pourquoi on a tenu à en savoir plus sur les retours à chaud de Sia et la raison de sa présence ici.

Interview de championne : Sia, la fierté dans les yeux

À 37 ans, maman de 2 enfants, Sia Mboya, débute le running, et nous donne une belle leçon de vie sportive :

« Je suis hydrologue à Moshi, et travaille sur le bassin de Pangani. J’ai rejoint le Club de running du Conseil des eaux du bassin de Pangani. Avec les collègues, nous courrons deux fois par semaine, les vendredis et les dimanches. Pas tant pour la performance mais pour se tenir en bonne santé. Pour un semi, je pars environ sur 2h30 de run. Cette course d’Arusha m’a permis de décrocher ma 6e médaille de 21 km. Et le 26 février, je cours le Marathon du Kilimandjaro ! J’aimerais aussi courir à l’étranger et voyager grâce à ça, avec l’appui de sponsors. »

(propos traduits du swahili)*

Le Marathon du Kilimandjaro

Depuis 2003, en février/mars, quelques 12 000 runneurs des plus chevronnés se lancent sur les contreforts du Kilimandjaro ! L’itinéraire traverse de nombreuses petites exploitations agricoles, plantations de bananes, de café et parcelles de forêts, des villages et sections de la ville de Moshi. L’événement, qui réunit jusqu’à 45 nationalités, se termine au stade MoCu, à Moshi, dans la bonne humeur, sur fond de musique endiablée !

kilimanjaromarathon.com

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