Madagascar, le nouveau champion du sport

Sur la carte du sport mondial, il est l’heure de placer Madagascar ! Le pays compte 26 millions d’habitants qui sont vivement invités à pratiquer le sport par une politique volontariste. Madagascar accueillera les Jeux des Iles de l’Océan Indien 2023, après le retrait des Maldives. Et l’équipe nationale de football, les BAREA, font la fierté du pays par leurs exploits en Coupe d’Afrique des Nations. Voyage à Madagascar, la nouvelle destination du sport ! PAR DAVID TOMASZEK

Extrait du magazine WOMEN SPORTS AFRICA N°2 de janvier à juin 2021. 

Andry Rajoelina, Président de la République de Madagascar

Le Président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina est jeune (46 ans) et sportif. Il a décidé de faire du sport une priorité nationale. La récente Conférence internationale des Ministres Africains pour la mise en œuvre du Plan d’action de Kazan l’a d’ailleurs consacré « champion du Sport et de l’Éducation physique de qualité en Afrique ». Le plan d’action de Kazan (PAK) est une initiative de l’UNESCO pour faire de l’éducation physique et sportive un vecteur de la consolidation de la paix et du développement durable.

Première mesure concrète pour mettre en œuvre cette politique volontariste : le budget alloué au Ministère de la Jeunesse et des Sports a été multiplié par 13 ! Outre l’incitation de la population à pratiquer le sport, Madagascar ambitionne d’accueillir les plus grandes manifestations sportives internationales, à l’image des prochains Jeux des Iles de l’Océan Indien. Enfin, comme un signe du destin, l’équipe nationale de football, les BAREA, réalise des performances historiques au cours des derniers mois.

Ce développement du sport à Madagascar s’accompagne d’une politique de mixité et de promotion des femmes, comme en atteste la nomination de Rosa Rakotozafy, double championne d’Afrique sur 100 m haies, qui a participé aux Jeux olympiques de Sydney 2000 et d’Athènes 2004, au poste de Directrice Générale des sports et à la tête du Comité inter-gouvernemental de l’éducation physique et sportive (CIGEPS) de l’UNESCO. Tinoka Roberto, Ministre de la Jeunesse et des Sports, et Rosa Rakotozafy nous éclairent sur cette stratégie sportive de Madagascar. Avec en introduction un adage qu’ils aiment à nous partager : « Seul je vais plus vite, Ensemble nous irons plus loin » !

Mialy Razakandisa Rajoelina

UNE PREMIÈRE DAME TRÈS ACTIVE

Mialy Razakandisa Rajoelina est la porte-parole et présidente de l’association caritative « Fitia », qui a pour but d’aider les personnes démunies et victimes de problèmes de santé. Elle contribue aux évolutions sociales comme la prise en charge de familles en difficulté, et défend un ambitieux projet de loi contre les violences basées sur le genre. Mialy Razakandisa Rajoelina a en outre été désignée « marraine de la vaccination » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).


RENCONTRE AVEC TINOKA ROBERTO, UN MINISTRE TRÈS ENGAGÉ !

Madagascar a engagé un plan d’investissement massif dans ses infrastructures sportives, porté par Tinoka Roberto.

Ministre de la Jeunesse et des Sports, Tinoka Roberto a mis sur pied en un temps record une politique spectaculaire de développement du sport dans le pays. Son style ? Dynamique… très dynamique !
PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK

QUELS SONT LES SPORTS PRÉFÉRÉS DES MALGACHES ?

Les sports favoris des Malagasy peuvent se résumer comme suit. Pour les sports col- lectifs, le football, le rugby, le basket-ball et volley-ball. Pour les sports individuels, pré- dominance de l’athlétisme. Et pour les sports de combat, le karaté et le judo.

L’équipe nationale de football, les BAREA, avait atteint les quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations en 2019.

POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE VOS AMBITIONS POUR LES ÉQUIPES NATIONALES DANS LES GRANDES COMPÉTITIONS À VENIR ?

En football, nous ambitionnons une deuxième qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations et faire au moins la même prestation que lors de la dernière édition. Autre- ment dit atteindre de nouveau les quarts de finale de la compétition. N’oublions pas que les BAREA sont actuellement classés 21ème équipe en Afrique. Donc se qualifier à cette édition pour la deuxième fois successive n’est déjà pas une mince affaire, même si nous avons très bien démarré les éliminatoires ! Pour les autres disciplines sportives comme le basket, nous avons participé à la phase aller des éliminatoires de l’Afro-basket au Rwanda. Nous sommes tombés dans un groupe difficile avec la Tunisie championne d’Afrique en titre, la RDC et la Centrafrique, deux équipes phares sur le continent en matière de basket. Les résultats sont mitigés mais nous sommes encore en course car il y aura une phase retour. Trois équipes par groupe seront qualifiées : nous allons nous battre pour éviter la 4ème place. Ce sera très difficile, mais en sport, il faut se frotter aux meilleurs pour grandir et être aguerris ! Enfin, en vue des 11ème Jeux des Îles de l’Océan Indien que nous comptons accueillir, l’objectif est d’occuper la première place en termes de médailles, après la 2ème place lors des derniers Jeux. Surtout, nous nous fixons l’ambition de rafler la médaille d’or dans tous les sports collectifs en lice : football, rugby à 7, basket-ball, volley-ball hommes et dames.

QUELS SONT LES CHANTIERS PRIORITAIRES DE VOTRE GOUVERNEMENT SUR LE PLAN SPORTIF ?

TINOKA Roberto, ministre de la jeunesse et des sports de Madagascar

Le Président de la République a fait du sport une priorité. Son « velirano » numéro 13 (engagement solennel numéro 13) stipule : « Le Sport Fierté nationale ». C’est vous dire si le sport occupe actuellement une place privilégiée dans la Politique Générale de l’État. Comparativement à l’année 2019, le budget actuellement alloué à la promotion du sport a été multiplié par 13 ! L’époque du sport parent pauvre des affaires nationales est bel et bien révolue. Nous avons l’avantage d’avoir un Président jeune, sportif, visionnaire et ambitieux. Madagascar s’apprête à accueillir les 11èmes Jeux des Îles de l’Océan Indien après le désistement des Maldives. Dans cette perspective, nous nous donnons les moyens de nos ambitions. Nous comptons déjà 6 piscines olympiques, 6 gymnases de 4000 places, 30 gymnases de 1000 places et 109 terrains synthétiques. Mais plusieurs chantiers sont en cours. Notre capacité d’accueil sportif croît très rapidement. Les infrastructures sportives aux normes et standards internationaux seront construites et redéployées dans les collectivités décentralisées et non plus uniquement concentrées dans les grandes agglomérations. Le stade municipal de Mahamasina est en pleine ré- novation. Sa capacité passera de 20 000 à 50 000 places, doté de bâtiments annexes et équipements répondant aux exigences internationales. Un centre d’hébergement pour les athlètes d’une capacité de 3000 places est en chantier à quelques minutes de l’aéroport d’Ivato. Chaque chef-lieu de Faritany sera doté de piscines olympiques, d’un gymnase de 4000 places, d’un stade de football homologué par la FIFA comme celui de Toamasina qui a accueilli le match Barea-Côte d’Ivoire lors de la 4ème journée des éliminatoires de la CAN. Chaque chef-lieu de région sera doté d’un gymnase de 1000 places. Chaque district aura son terrain de football synthétique. Tout ceci pour la concrétisation du Plan quadriennal Émergence Jeunesse et Sport 2020 – 2023 de notre département. Mais aussi pour honorer les résolutions prises lors de la Conférence internationale des Ministres africains pour la mise en œuvre du Plan d’action de Kazan consacrant le Président Andry Rajoelina champion du Sport et de l’Éducation physique de qualité en Afrique. Une consécration, mais en même temps une responsabilité considérable. Voilà pourquoi nous ne lésinons pas sur les moyens pour être à la hauteur de nos ambitions !

VOUS ÊTES TRÈS PRÉSENT AUPRÈS DES SPORTIFS DEPUIS VOTRE NOMINATION EN 2019. ON VOUS A VU À LA CAN EN EGYPTE, AUX JEUX DES ÎLES À MAURICE, AUX JEUX AFRICAINS AU MAROC ET À LA 1ÈRE CONFÉRENCE RÉGIONALE DES MINISTRES AFRICAINS DE L’ÉDUCATION ET DU SPORT EN MARGE DE CES DERNIERS. EST-CE UN STYLE VOLONTARISTE QUE VOUS REVENDIQUEZ ?

Depuis mon adolescence, car j’ai été appelé très tôt à des responsabilités collectives, j’ai toujours adopté un leadership participatif. Convaincu que je suis par le fait que l’exemple doit venir du leader. En tant que sportif, je sais l’effet positif du soutien moral sur les athlètes. Plus vous partagez leurs émotions, mieux sera leur rendement. Dans ce registre, le Président de la République donne l’exemple en étant omniprésent à chaque compétition internationale pour booster le moral des troupes ! Alors oui, je continuerai d’être présent au maximum lors des prochains rendez-vous internationaux. Autant que mon agenda le permettra – car les obligations ministérielles passent en premier lieu -, je serai aux côtés des athlètes. En outre, le Ministère joue pleinement son rôle de tutelle et se charge de mobiliser les partenaires et sponsors pour l’accompagnement et l’appui des athlètes. Il ne s’agit pas tant d’une revendication personnelle du style volontariste, mais plutôt d’un sens de responsabilité renforcé par la proximité depuis une dizaine d’années du leader engagé qu’est notre Président de la République.

La capacité du stade de Mahamasina, à Antananarivo, va passer de 20 000 à 50 000 places et de nombreuses infrastructures voient le jour partout dans le pays.

PETITE QUESTION PLUS PERSONNELLE POUR CONCLURE, QUELS SPORTS PRATIQUEZ-VOUS ?

Mon sport favori est le Karate-do. Je le pratique depuis ma tendre enfance (dès l’âge de 6 ans). Actuellement je suis ceinture noire 4ème dan. Mais en même temps j’ai pratiqué le football, la gymnastique : barres parallèles, barres fixes, musculation.


INTERVIEW

Rosa Rakotozafy, STAR DE L’ATHLÉTISME MALGACHE DEVENUE DIRECTRICE GÉNÉRALE DES SPORTS !

Rosa a représenté Madagascar aux JO. Elle est fière de participer désormais à la promotion du sport dans son pays !

Rosa Rakotozafy, spécialiste du 100 m haies, a connu une superbe carrière sportive. Elle occupe désormais le poste prestigieux de Directrice Générale des Sports de Madagascar et est récemment devenue la première femme nommée à la tête du Comité inter-gouvernemental de l’éducation physique et sportive (CIGEPS) de l’UNESCO. Elle nous raconte son parcours exemplaire !
PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK

WOMEN SPORTS AFRICA : REVENONS TOUT D’ABORD SUR VOTRE CARRIÈRE SPORTIVE. POUVEZ-VOUS NOUS RACONTER VOTRE PARCOURS DANS LE SPORT DE HAUT NIVEAU ?

ROSA RAKOTOZAFY : J’ai évolué dans un club à Fianarantsoa, ma ville natale et l’une des six provinces de Madagascar, l’ASSFX, avec le défunt Frère Fazio Domenico à qui je souhaite rendre hommage. Un homme qui a cultivé bien des graines de champions malgaches qui ont brillé de mille feux tant sur le plateau national qu’international et restera dans les annales de l’histoire de l’éducation et du sport malagasy. A travers le sport à l’école ou l’EPS avec mon professeur de l’époque Dezy Andrianjatovo qui m’a détectée très jeune et m’a orientée dans un pro- gramme d’entraînement auprès de ce club, ensuite prise en main par l’entraîneur spécialisé dans les courses de haies, Justin Andriamananoro. J’ai participé à plusieurs com- pétitions de sélection nationale qui ont porté leurs fruits. Mais tout a vraiment commencé en 1997, quand Madagascar a organisé les IIIèmes Jeux de la Francophonie. Terminant 4ème finaliste du 100 m haies, j’ai été détectée par un expert français, Hervé Stéphan qui est devenu mon coach par la suite. Le Centre International d’Athlétisme de Dakar (CIAD) venait d’ouvrir ses portes aux élites africaines et j’ai été choisie pour en faire partie. Des programmes de préparation et d’entraînements destinés à fabriquer des champions africains avec un programme d’entrainement intense de 6 jours sur 7 ! Nous avons enchainé des stages de perfectionnement et compétitions en Afrique (Afrique du Sud, Cameroun, Côte d’Ivoire, Bénin…) et partout en Europe en passant par les centres sportifs du CREPS de Boulouris ou de l’INSEP… En 1999, j’ai décroché une médaille d’argent aux championnats d’Afrique en Algérie, ensuite des médailles d’or en 2000 en Tunisie et en 2004 au Congo Brazzaville. J’ai représenté le continent africain lors de la Coupe du monde d’athlétisme en Espagne. J’ai participé aux Jeux des îles, aux Championnats d’Afrique, aux Jeux Africains, à la Coupe du monde, aux championnats du monde et au Jeux olympiques. Ces expériences m’ont servie plus tard dans le cadre de mes responsabilités dans la gestion du sport. J’ai eu la chance de vivre en direct ces grandes organisations sportives. J’ai arrêté en 2005 pour reprendre en 2011 avec une médaille d’or au 100 m haies des Jeux des Iles 2011 aux Seychelles et une médaille de bronze aux Jeux Africains 2011 de Maputo, au Mozambique. J’ai mis fin à ma carrière d’athlète en 2012.

A L’ISSUE DE VOTRE CARRIÈRE SPORTIVE, VOUS AVEZ RELEVÉ UN NOUVEAU DÉFI EN EMBRASSANT DES POSTES À RESPONSABILITÉ DANS L’ORGANISATION DU SPORT MALGACHE.

Je suis entrée dans le domaine de la gestion de l’administration sportive en commençant par être la Secrétaire Générale de la Fé- dération Malagasy d’Athlétisme. Je faisais également partie du Cabinet des ministres successifs en tant que Conseillère technique. En 2014, j’ai été nommée Directrice du Sport Fédéral en charge de toutes les fédérations sportives et du sport de haut niveau. Depuis mars 2019, je suis Directrice Générale des Sports, Présidente du Conseil d’Administra- tion de l’Académie Nationale des Sports, Pré- sidente de l’Association Malgache des Olym- piens. Et j’ai récemment été élue Présidente mondiale du Comité Inter-gouvernemental de l’Education Physique et du Sport (CIGEPS).

Au cours de mon parcours, j’ai vécu des expériences très riches. J’ai été Chef de délégations à plusieurs reprises dans les grands événements sportifs internationaux auxquels Madagascar a pris part, ce qui a renforcé davantage mes capacités dans la gestion du sport. J’ai également pris part à de grandes réunions telles que les réunions des Ministres de la CONJEFES, lors desquelles j’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de représenter notre Ministre. J’ai notamment participé au Sommet de la francophonie organisé à Madagascar en 2016, au Forum International de la Jeunesse et de l’Emploi vert et à la première Conférence des Ministres africains en charge de l’éducation physique et du sport sur la mise en œuvre en Afrique du Plan d’action de Kazan organisé à Madagascar en 2019.

Ayant été diplômée du Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques d’Antananarivo, j’ai pu mettre en pratique tous les acquis afin de mieux servir le domaine dans lequel j’ai été nommée. Au passage, je tenais à témoigner ma reconnaissance au Ministre Tinoka Roberto pour m’avoir donné l’opportunité d’évoluer dans ce domaine et à ce niveau.

EN QUOI CONSISTE VOTRE POSTE DE DIRECTRICE GÉNÉRALE DES SPORTS ? QUELLES SONT VOS PRINCIPALES MIS- SIONS ?

En tant que Directrice Générale des Sports (DGS), je suis la première responsable du développement et de la promotion du sport à Madagascar. Je mets en musique la politique et les engagements établis par l’Etat envers le sport. Le Directeur Général des Sports, qu’il soit homme ou femme, vise à promouvoir la pratique physique et sportive tant en ce qui concerne le sport de haut niveau que le sport pour tous. Mes principales missions consistent en l’élaboration, la mise en place, la coordination et la réussite de la politique et du système de :

• Préparation de la relève sportive, en axant les actions sur l’institution des écoles de sport, le développement des sports à l’école et l’instauration de préparation des jeunes athlètes en sport-étude,

• Appuis, administrativement, technique- ment et financièrement, aux sports de haut niveau, à travers la construction et/ou la réhabilitation des infrastructures sportives, la mise en œuvre progressive du Statut des athlètes de haut niveau et à la participation aux activités sportives au niveau internatio- nal, afin de maintenir le rang de Madagascar parmi les grandes nations sportives,

• Développement de l’initiative nationale du sport pour tous, du sport-santé et de l’éducation physique de qualité (EPQ), dans le respect de la lutte contre les inégalités d’accès à la pratique sportive, de la pratique du sport comme facteur de santé à l’égard du grand public et de publics spécifiques.

Dans l’accomplissement de ses missions, le Directeur Général des Sports anime tous les acteurs œuvrant, directement ou indirectement, dans le milieu sportif à commencer par les mouvements sportifs, des centres nationaux et internationaux, axés sur l’entraînement et la formation, les autres ministères publics qui s’impliquent dans le sport comme l’Éducation nationale, ainsi que les collectivités locales et les entreprises privées.

VOUS ÊTES ÉGALEMENT LA PREMIÈRE FEMME NOMMÉE À LA TÊTE DU COMITÉ INTER-GOUVERNEMENTAL DE L’ÉDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE (CIGEPS) QUI RASSEMBLE 18 ÉTATS-MEMBRES DE L’UNESCO. EXPLIQUEZ-NOUS LE RÔLE DE CETTE INSTANCE ET LE SYMBOLE QUE CONSTITUE VOTRE NOMINATION.

Le CIGEPS a été créé en 1978 au sein de l’Unesco pour développer le rôle et la valeur du sport et promouvoir son inclusion dans les politiques publiques. Plateforme orientée vers l’action promouvant le dialogue et la coopération entre les gouvernements, le mouvement sportif et d’autres parties prenantes, il est là également pour renforcer la responsabilité des gouvernements et pour favoriser l’intensification des initiatives réussies à travers le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre des politiques. Ce comité contribue efficacement à un cadre mondial fortifié pour le sport au service du développement et de la paix dans le cadre global du Programme à l’horizon 2030 en ayant une coopération étroite qui a été établie entre l’UNESCO, l’UN DESA, ONUG, l’OMS, l’OIT. Ayant accepté ce poste, mon objectif est d’améliorer la qualité de l’éducation physique et sportive pour que tous les pays puissent bénéficier pleinement du même programme destiné non seulement aux sports d’élites mais également aux sports pour tous.

Concernant Madagascar, les engagements sportifs de l’Etat Malagasy ont porté leurs fruits à travers cette élection. Après avoir remporté le titre de « Champion de l’éducation physique de qualité et du sport » durant la première Conférence des Ministres africains de l’Education physique et du sport sur la mise en œuvre en Afrique du Plan d’action de Kazan en septembre 2019, le Président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina et le Ministre de la Jeunesse et des Sports, Tinoka Roberto, n’ont pas ménagé leurs efforts pour la réussite de cette élection en faveur de Madagascar.

Cette nomination à la tête du CIGEPS a obtenu l’accord des 18 pays membres affiliés à l’UNESCO. Une vision qui s’accompagne d’action du Président de la République faisant du sport une priorité nationale, laquelle est mise œuvre par le Ministre de la Jeunesse et des Sports à travers la construction des infrastructures sportives aux normes et le soutien permanent aux sportifs malagasy.

Être la première femme à la tête de cette instance depuis sa création en 1978 est un grand honneur pour moi mais également une victoire pour toutes les femmes. Cela répond à nos souhaits et combats de tous les jours de pouvoir se hisser dans des postes à haute responsabilité, ainsi qu’à la vision de l’UNESCO sur la promotion du genre.

D’ailleurs, le Ministre de la Jeunesse et des Sports malagasy, Tinoka Roberto entend développer une perspective et un nouvel espace de soutien et de mobilisation des ressources et des partenariats internationaux pour appuyer les efforts de Madagascar dans la promotion de l’éducation physique de qualité et du sport dans notre pays. Mais également la promotion du genre soutenu à travers cette candidature.

Rosa préside le CIGEPS, une institution constituée des représentants de 18 États membres de l’UNESCO

QUELLE EST LA SITUATION DU SPORT AU FÉMININ À MADAGASCAR ? QUELLES SONT LES MESURES POUR LE DÉVELOPPER ?

Tout d’abord, la pratique sportive à Madagascar est libre, et les jeunes femmes et filles malagasy peuvent pratiquer librement du sport. En analysant les résultats sportifs de haut niveau de Madagascar, les athlètes féminines malagasy n’ont pas à rougir devant leurs homologues masculins. Beaucoup d’athlètes féminines malagasy ont porté haut la couleur de Madagascar dans les compétitions internationales et mondiales. Aussi, dans toutes les fédérations qui sont déjà mises en place à Madagascar, l’implication et la participation des athlètes féminines sont déjà constatées. Toutefois, l’attirance de certaines femmes au sport se base sur- tout à l’entretien de la santé ou à la perfection de son corps et non à la compétition. Il y a plus d’hommes que des femmes qui pratiquent le sport de compétition. Il y a donc un manque de relève chez les athlètes féminines par rapport aux hommes sur lequel nous devons travailler. Pour le développe- ment du sport au féminin à Madagascar, la politique consiste d’une part à la facilité d’accès de la gente féminine au sport, en milieu scolaire ou d’autres milieux socio-éducatifs. Cette facilitation d’accès peut se concrétiser en améliorant la formation et le perfectionnement professionnel continu pour les enseignants de l’éducation physique et les cadres en sport-santé et développement afin qu’ils puissent promouvoir les bonnes pratiques en éducation physique de qualité et en sport-santé. Ensuite, en construisant et en aménageant des espaces de proximités bien équipés pour les sports-santé, plus accessibles à tous. D’autre part, le renforce- ment de la politique d’encouragement à la pratique du sport de compétition chez les jeunes filles est indispensable. L’institution des anciennes gloires féminines malagasy, ainsi que des athlètes féminines en vogue, comme modèles et idoles pour les jeunes filles facilitera l’attirance chez eux de cette pratique sportive de compétition.

EN TANT QUE « ROLE MODEL », QUEL MESSAGE POUVEZ-VOUS ADRESSER AUX JEUNES FILLES DU CONTINENT ?

De toujours se préparer car rien n’est obtenu facilement dans la vie. De se respecter soi-même car de cette façon nous avons le respect des autres. De toujours vouloir faire mieux qu’hier. Tout est question de volonté et d’engagement dans la vie, sans cela, nous n’arriverons à rien ! Il faut savoir et ne jamais oublier que la vie, c’est exactement comme le sport. Tout est question de préparation, d’entraînement, de compétition. Il y aura tou- jours un point de départ et un point d’arrivée. Les médailles sont à l’arrivée et tu te dois de prendre le départ pour espérer en décrocher. Pour finir, il faut toujours avoir la culture de l’excellence, la culture du résultat dans tout ce qu’on fait car ce n’est que de cette façon qu’on créera la différence !

TROIS QUESTION BONUS POUR MIEUX CONNAÎTRE ROSA RAKOTOZAFY

Votre idole dans le sport ?

Gail Devers, l’américaine spécialiste des 100m haies.

Une personnalité féminine qui vous inspire ?

Laurence Fischer, la karatéka française qui a remporté plusieurs titres internationaux dont trois médailles d’or aux Championnats du monde. Actuellement Ambassadrice du Sport français, elle participe à des missions humanitaires en France et dans le monde ; elle collabore également auprès des femmes victimes de viols de guerre en République démocratique du Congo pour leur permettre de pratiquer le karaté comme moyen de défense via «Fight for Dignity», un programme sportif et social spécifiquement adapté aux femmes victimes de violences. Elle fait partie du Club des Champions de la Paix de «Peace and Sport». Tout ce que Laurence fait est un exemple à suivre, une source d’inspiration. Elle témoigne qu’avec nos titres et médailles, nous pouvons toujours faire quelque chose de mieux et ce en faveur des autres !

Votre devise ?

« L’engagement est un acte et non une parole » de Jean-Paul Sartre.

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