Le taekwondo, la nouvelle mine d’or de la Côte d’Ivoire

Ruth Gbagbi (CIV) Photo by Icon Sport

Le 19 août 2016 restera gravé comme un jour mémorable pour le sport ivoirien. En une journée, Ruth Gbagbi et Cheick Cissé ont écrit l’histoire en décrochant respectivement la première médaille féminine et la première médaille d’or pour la Côte d’Ivoire, lors des Jeux de Rio. Depuis, la Côte d’Ivoire est l’un des pays-phares du taekwondo. PAR DAVID TOMASZEK. Extrait du Women Sports Africa N°8.

Cette réussite de 2016 a suscité une immense joie parmi les Ivoiriens, qui ont célébré ces victoires tant attendues. La dernière fois qu’un athlète ivoirien avait grimpé sur le podium des Jeux olym- piques remontait à 1984, avec la médaille d’argent de Gabriel Tiacoh dans le 400 m à Los Angeles. Désormais, la Côte d’Ivoire peut se vanter de posséder des médailles olympiques dans chacune des trois catégories : or, argent et bronze.

Ruth Gbagbi a ouvert le bal en remportant la médaille de bronze dans la catégorie des moins de 67 kg, marquant ainsi un jalon historique en tant que première femme à décrocher une médaille pour la Côte d’Ivoire. Cheick Cissé a ensuite ajouté à cette euphorie en devenant le premier champion olympique du pays, remportant l’or dans la catégorie des moins de 80 kg lors d’une finale palpitante remportée à la dernière seconde contre le Britannique Lutalo Muhammad.

Ces succès ont été le résultat du travail acharné et de la détermination des athlètes, ainsi que de la contribution de Marlène Harnois, médaillée de bronze en taekwondo aux Jeux de Londres en 2012, qui a joué un rôle essentiel dans le développement de la discipline en Côte d’Ivoire.

Les réactions de joie ont afflué de toutes parts, des supporteurs dans les gradins aux personnalités politiques et sportives du pays. Malgré les difficultés rencontrées par les téléspectateurs locaux pour suivre en direct cette journée historique en raison de problèmes de droits de diffusion, l’exploit de Ruth Gbagbi et Cheick Cissé restera à jamais gravé dans les annales du sport ivoirien.

Deuxième sport derrière le football

Ces exploits ont suscité des vocations en Côte d’Ivoire. Ruth Gbagbi, double médaillée olympique (elle a de nouveau glané le bronze à Tokyo) et double championne du monde, a débuté son parcours sous le préau de son école primaire, à Abidjan. Yasmine Volilou, responsable des combats des plus jeunes, témoigne de l’influence de Gbagbi : « Elle inspire beaucoup de jeunes femmes. […] Les femmes sont vraiment émerveillées et elles ont envie aussi d’essayer, de se lancer. »

Georges Mezi, le premier entraîneur de la championne, surveille toujours les 250 membres du club. Ce nombre a considérablement augmenté depuis les médailles de bronze de Gbagbi en 2016 à Rio et en 2021 à Tokyo. Mezi attribue cette expansion aux performances des olympiens ivoiriens, notamment Cissé Cheick Sallah et Ruth Gbagbi, ainsi qu’à d’autres champions renommés du pays qui ont contribué à l’essor du taekwondo en Côte d’Ivoire.

Le taekwondo a été introduit en Côte d’Ivoire en 1968 par le grand maître sud-coréen Kim Young Tae. Actuellement, le pays compte plus de 200 clubs répartis sur l’ensemble du territoire. À un an des Jeux de Paris 2024, l’engouement pour le taekwondo reste fort, porté par l’héritage sportif et les succès continus de ses athlètes émérites.

En Côte d’Ivoire, le nombre de licenciés ne cesse de grandir : de 16 000 à plus de 46 000 en une dizaine d’années, faisant de l’art martial le deuxième sport du pays après le football. Les succès de Ruth Gbagbi, ainsi que ceux de Cheick Cissé, champion olympique en 2016 à Rio, y sont pour beaucoup.

En 2023, Ruth Gbagbi a été désignée présidente des athlètes au sein de l’Union Africaine de Taekwondo.

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