Les danses africaines modernes, souvent nées dans les rues, s’inspirent des danses traditionnelles africaines. Elles apportent souplesse et renforcement musculaire, leurs rythmes envahissent le corps. Il en existe un nombre incalculable ou presque ! Immersion et explications tout en percussions.
Par Léa Borie – Extrait du magazine WOMEN SPORT N.16 d’avril-mai-juin 2020 (dossier spécial sport en Afrique)
Deux choses tout d’abord. On distingue les danses africaines urbaines et traditionnelles, bien que les premières soient issues des secondes. Un pays, différentes influences musicales, et autant de courants dansés. Ces derniers sont souvent créés par des groupes musicaux, eux-mêmes précurseurs de styles de danse qui accompagnent leurs rythmes. Il s’agit donc, la plupart du temps, de musiques sur lesquelles on va danser, où les mouvements vont s’imposer. Il faut dire que la musique a une forte valeur sociale sur le continent. Elle accompagne tous les événements et rassemble les communautés.
Richesse et diversité culturelle des danses africaines. Petit abécédaire des danses afro-urbaines stars Une liste non exhaustive d’influences africaines qui nous inspirent, nous parlent, nous plaisent, nous séduisent…
- Afro house : from : Angola. Née dans les années 2000 d’un courant musical angolais, elle est influencée par le Pantsula. Côté son, on est sur un mélange de basses profondes sur fond de sonorité africaine groove et pleine d’énergie.
- Alkayida : from : Ghana. Dans cette danse détendue et libre, inspirée de la culture hip-hop ghanéenne au nom du groupe terroriste Al-Qaïda, on part de gestes du haut du corps. Les tableaux de mouvements ajoutent aussi des jeux de jambes, pour un balancement du corps.
- Azonto : from : Ghana. Entre humour et expression, cette danse née dans les années 2000 est aussi un genre musical dont les lycéens se sont emparés. Inspirée des gestes de la vie et des tâches quotidiennes, elle laisse libre court à son imagination, afin que chacun se l’approprie et communique ses émotions à travers des jeux de rôle désinvoltes et rieurs.
- Coupé-décalé : from : Côte d’Ivoire. Apparu dans les années 2000, ce mouvement est né de l’expression « Coupé-décalé-travaillé » et s’inscrit dans le mouvement culturel de la Sagacité. Il correspond à l’arrivée de la guerre civile ivoirienne en 2002. En termes de sonorité, on est sur un ensemble guitare, basse, batterie, clavier, synthétiseur, boîte à rythmes, tambour, konga.
- Funaná : from : Cap Vert. Genre de musique traditionnelle avec un ferrinho (accordéon), le funaná se veut un rythme rapide. On le danse seul ou à deux, mais dans les années 60 et jusqu’à l’indépendance du Cap-Vert en 1975, il était interdit en public car il prônait des valeurs de liberté et de justice, voire il était considéré comme anti-biblique.
- Gweta : from : Togo. Apparu en 2013, cette danse mise tout sur des déplacements de jambes, des mouvements de l’ensemble du corps qui partent du bassin. Signifiant « j’évite les jaloux », elle consiste en des évitements de droite à gauche.
- Ikoku : from : Gabon. Une danse traditionnelle du peuple, et notamment du groupe ethnique des Punu, qui se danse avec un pagne noué autour de la taille. Sur fond de chants en langue yipunu, on exécute des mouvements saccadés du bassin et du fessier, ainsi que des jeux de pieds.
- Jazzé : from : Gabon. Cette danse apparue en 2009 mêle la danse bôlo et ndombolo, et séduit les jeunes. Elle a surtout été prise d’assaut par les chanteurs gabonais pour leurs clips et concerts. Il faut dire qu’elle forme un joyeux mix entre hip-hop et rythmes traditionnels des cultures gabonaises. On la retrouve dans les cérémonies de mariage au Niger, en Guinée équatoriale, au Cameroun, Congo, en Côte d’Ivoire. Tout le corps est sollicité : tête, jambes, bas du dos, poitrine, épaules…
- Kizomba : from : Angola. Ça signifie « fête ». Tout un programme ! Avec guitares, percussions, batterie, synthétiseur… Le kizomba est un genre afro-pop musical et la kizomba est une danse née en 1980, d’un mélange de samba, de kompa et de zouk, soit un joyeux mariage d’Angola, d’Haïti et des Antilles, caractérisé par la sensualité ; tout en lenteur, torse contre torse.
- Kuduro : from : Angola. Littéralement, traduisez : cul dur ! Toute une histoire… En sonorité, on mélange break dance, électro et instruments africains. Pour le style, on mixe le Malanje (danse angolaise), et des mouvements de Jean-Claude Van Damme dans Kickboxer (oui, oui !). S’il est né en 1996 en Angola, il est aujourd’hui développé au Cap-Vert, mais aussi au Portugal, au Brésil, au Mozambique, en Guinée-Bissau, en Guyane et aux Antilles françaises. Il est même intégré à des cours de zumba !
- Logobi : from : Côte d’Ivoire. Inspirée des ghettos d’Abidjan dans les années 80, son objectif : reproduire des combats de rue avec les mains et les pieds. S’il a disparu dans les années 2010, le style refait surface depuis l’an dernier grâce à la page Instagram LogobiTV !
- N’dombolo : from : République démocratique du Congo. Dérivée de la rumba congolaise et du soukous, elle a connu le succès à la fin des années 90, mais a été censurée en 2005 en RDC. Elle se danse sur une musique rapide avec des mouvements des hanches.
- Pantsula : from : Afrique du Sud. Danse sociale et contestataire, elle est née dans les townships de Johannesburg dans les années 60, et est très ancrée dans le contexte socio-économique du pays. Inspirée des claquettes et de la pop culture américaine, elle rassemble jeux de jambes et sifflements, pour une danse à la choré théâtralisée. En réalité, elle s’inspire de gestes quotidiens et reflète une société multiculturelle.
- Sabar : from : Sénégal. Danse traditionnelle féminine, et ensemble de percussions jouées par des hommes, ce terme wolof est aussi le nom d’une cérémonie festive. On exécute cette danse en solo, avec en fond des tambours.
- Skelewu : from : Nigéria. C’est une danse issue du titre « Dieu loin de moi ». Cette chanson a fait un tabac en 2014 en Afrique. Avis aux curieux : on trouve encore une vidéo de danse pédagogique sur Youtube.
- Zoropoto : from : Côte d’Ivoire. Danse issue du courant coupé-décalé, elle a vu le jour en 2010 et se veut être un mélange de danses ivoiriennes, de hip hop et d’acrobaties.