Entretien avec deux danseuses orientales du Ballet Daloua

femmes danseuses

Le Ballet Daloua, c’est une compagnie de danse orientale lyonnaise, animée par Hayal, professeure d’origines brésiliennes formée en Egypte. Nous partons à la rencontre de deux de ses danseuses orientales : Sayuli et Mélissa. Place de la femme sur la scène égyptienne, caractéristique du Raqs Sharqi, qualité d’une bonne danseuse orientale… Entretien.

Par Léa Borie – Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.16 d’avril-mai-juin 2020 (dossier spécial sport en Afrique) 

Qu’est-ce qui caractérise Ballet Daloua pour vous ?

Mélissa : La liberté. Elle s’affiche dès l’intégration dans la compagnie de danse. En effet, Hayal ne pratique pas d’audition : elle ressent, elle donne sa chance aux bosseuses, elle fait confiance, elle accompagne pour aider à progresser, à donner le meilleur.

Vous mettez en avant l’importance de diversifier les enseignements, les approches. Il n’y a pas de concurrence entre les profs ?

Sayuli : Chacune a plus ou moins d’élégance, d’exigence, de jeu, de complexité, de challenge, de technique… Cela donne un enseignement très complémentaire. Il arrive même à Hayal d’orienter des gens vers telle ou telle prof de danse.

Ça représente quoi d’intégrer ne compagnie, ça a l’air d’être beaucoup d’investissement…

Sayuli : Un véritable investissement ! Personnel, car il faut dégager de son temps, le soir et certains week-end, pour répéter, s’entraîner, ou pour partir en festival. Et financier, pour la partie parfois non défrayée des coûts des déplacements à l’étranger. Cela demande aussi de trouver son équilibre entre sa vie professionnelle, sa vie privée et sa compagnie !

Mais alors qu’est-ce que vous y trouvez dans la compagnie de danse ?

Mélissa : J’aime le fait de pouvoir voyager grâce aux interventions de la compagnie, et rencontrer des artistes de renom, que j’admire. C’est toute une ambiance, de danser ensemble sur scène, de nous préparer en coulisses entre copines…

Comment la danse orientale est-elle perçue selon vous aujourd’hui ?

Mélissa : Dans les festivals, elle a tendance à être uniformisée. De nombreuses danseuses russes viennent faire le show. Mais avec cet effet waouh, on finit par perdre un peu l’esprit originel. Être danseuse n’est pas toujours bien perçue finalement ; en atteste l’expression « fils de danseuse » utilisée en Egypte. Seules les grandes danseuses brillent, comme Dina Talaat. En France, on réalise la méconnaissance de la danse orientale. Comme dans bien des pays, elle peut être perçue par certains comme une danse dénudée, provocatrice. Des fois, il m’est arrivé qu’on m’appelle pour des “show privés” ou qu’on me demande d’envoyer davantage de photos. Parfois, on se censure dans nos mouvements de danse orientale, de peur que ce soit mal perçu du public.

Sayuli : Pour se sortir de ça, on concentre nos efforts sur la technique, le placement, comme pour faire oublier cette image aguicheuse que les gens se font, à tort, de notre prestation. Toujours est-il qu’il n’est pas facile de l’assumer en tous lieux. Et en même temps, le principe de cette danse est d’assumer son corps et ses rondeurs sans se cacher. Tu n’es pas juste en train de reproduire une choré’, tu utilises tout ton corps féminin !

Qu’est-ce qui fait une bonne danseuse alors ?

Mélissa : Une passionnée, une persévérante. Parfois, il nous faut 3, 4 ans pour arriver à faire un mouvement ; ça ne vient pas forcément tout de suite, tu en bouffes des exercices à la maison devant ta glace !

Sayuli : Eh oui ! Quand j’ai commencé, mon corps ne répondait à aucune exigence sportive ! (Rire) Puis j’ai appris. Sans relâche. Pour que les parties de mon corps s’animent séparément, comme un serpent ! »

Remerciements

Merci aux deux danseuses orientales Sayuli et Mélissa, passionnées, membres de la compagnie Ballet Daloua

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