Immersion dans une compagnie de danse orientale, Ballet Daloua

La danse orientale est une danse plus technique et codifiée que ce qu’on s’imagine ! Immersion dans un monde précis dans ses gestes et ses termes.

Dansée majoritairement par des femmes, la danse orientale laisse s’exprimer les émotions, la féminité… (Photo DR/.)

Pour en apprendre davantage sur la danse orientale, nous nous sommes immiscées dans une compagnie, le Ballet Daloua. Plongeons dans 8 vibrations et accents au cœur de l’Egypte ! Rencontre avec une professeure, et deux de ses danseuses.

Par Léa Borie – Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.16 d’avril-mai-juin 2020 (dossier spécial sport en Afrique)

« Il faut connaître son corps pour pouvoir s’en servir ! », Hayal, professeur de danse orientale

La danse orientale est apparue en Egypte il y a plusieurs siècles. On dénombre plusieurs genres au sein même de la danse orientale, dont le Raqs Sharqi. Ce dernier (souvent appelé de façon réductrice « danse du ventre ») est aujourd’hui le plus répandu. Il s’est d’ailleurs imposé en Occident dans les années 90. Il faut dire qu’il séduit un large public grâce à ses influences modernes orientales et occidentales. C’est aussi le type de danse orientale le plus répandu de nos jours, et le plus étudié en école de danse orientale. Dansée majoritairement par des femmes, la danse orientale laisse s’exprimer les émotions, la féminité…

Liberté, passion, sonorité, sororité : portrait d’une directrice artistique vibrante

Hayal, Brésilienne d’origine, danse depuis ses 17 ans. Elle est aujourd’hui prof de danse orientale à Lyon et à l’initiative de la compagnie de danse Ballet Daloua. C’est d’elle qu’est partie l’idée de monter une compagnie, en 2015. Si au départ, c’est une amie qui l’a traînée à son premier cours d’oriental, Hayal n’a pas attendu des autres pour s’éprendre de cette danse ! Elle a tourné avec des compagnies pendant des années, en tant que danseuse en groupe, soliste, ou chorégraphe collaboratrice, avant de concrétiser son rêve, son grand défi : composer ses chorégraphies, ses spectacles… Et ce qui a été un challenge à lancer au départ est aujourd’hui un pari à tenir, car si sa technique et sa grâce ne sont plus à prouver, Hayal s’efforce désormais de représenter la danse orientale de façon artistique et en gardant son héritage culturel. Ce qui se ressent aussi bien au sein de sa compagnie, à travers les liens que tissent ses danseuses-amies.

Une maîtrise impeccable

Portée sur l’éducation physique et la kiné, elle n’a de cesse de chercher à transmettre la technique de la danse orientale à ses élèves à travers un travail basé sur la conscience du corps et la compréhension du mouvement ainsi que les muscles sollicités. Son credo : trouver des tips pour que ses élèves apprennent plus rapidement, travailler la coordination entre les bras et le bassin avec harmonie.

S’imprégner de la culture égyptienne

La danseuse professionnelle a su s’immerger dans la culture en se rendant plusieurs fois en Egypte. Elle y a d’ailleurs travaillé, en 2008, en dansant dans des hôtels à Sharm el-Sheikh avec un orchestre égyptien. Grâce à ses visites, Hayal comprend qu’en Egypte, la danse orientale est le reflet de la vie quotidienne, d’où les expressions de tristesse, de joie, et d’amour. « La danse orientale a une vraie personnalité, celle du peuple, qu’il faut percer. » S’en saisir, c’est aussi observer les Égyptiens au restaurant, dans la rue… « Leur façon d’être constitue une grande partie de cette danse. Elle se danse dans l’expression. Ce peuple est beaucoup dans l’émotion, comme au Brésil d’ailleurs ! »

Une amoureuse de la sonorité arabe

Ce qui anime Hayal avant tout : la musique. « Je suis amoureuse de la musique arabe depuis mes 17 ans. Une musique comme celle d’Oum Kalthoum, aux paroles profondes voire dramatiques ». C’est grâce à ses 20 ans d’expérience, qu’elle peut prétendre participer, avec sa compagnie, à des festivals de danse orientale de renom, en France et à l’étranger. L’occasion de donner à ses danseuses comme Houda la chance de se présenter également comme soliste.

Pour notre reportage, on a tenu à ressentir la danse orientale jusque dans nos hanches. On a alors assisté à deux démonstrations de deux types de danse orientale : le sharki (considéré comme la danse orientale classique d’aujourd’hui) et le saïdi (une danse folklorique dansée par les 2 sexes). La version nous a particulièrement marqué. Les trois danseuses de la compagnie Ballet Daloua présentes ce jour se répartissent dans la salle, et nous décomposent les pas de base avec une grande pédagogie (et il en faut !), au milieu des novices, des curieux, des familles, qui exploseront en fou-rire à cause d’un papa à la hanche un peu raide.

Démonstration : quelques pas de danse orientale

Un pas chasse l’autre. En 8 temps, ça fait 4 pas chassés. A enchaîner pour que ce soit fluide. Avec les mouvements des bras jusqu’au bout des doigts.

On apprend vite que ce mouvement n’est pas impulsé par le bassin, comme on pourrait le croire, mais par les genoux. Et quand on accélère, cela réduit l’amplitude du mouvement des genoux. Et le résultat est encore plus probant si l’on parvient à relâcher le bassin. Facile à dire…

Jeu de jambes pour se déplacer, sur la pointe des pieds pour mieux glisser. Les bras, en angle droit, montrent la direction vers laquelle on se dirige.

On vient pousser les hanches sur le côté, en fléchissant puis en tendant la jambe rapidement. Astuce pour confirmées : contracter le fessier pour mettre de la force dans l’accent. Mais attention à rester aligné, il ne faut pas faire partir le corps vers l’avant ou vers l’arrière ! Après le premier accent, le pied se place, prêt à repartir pour un autre accent !

Pareil, un coup d’épaule à droite et un autre à gauche. Le mouvement de démonstration est exagéré, mais accéléré, il se réduit.

Pour mieux le comprendre en fluidité, on vient décomposer le mouvement avec, coude, poignet et doigts pour finir.

Un avance-recule de la jambe, pousse la hanche devant, puis pousse la hanche derrière.


 

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