Mariama Touré est partie d’un constat de départ pour ouvrir son école de danse sénégalaise, TDH (The Dance Hall) : « En 2013, il n’y avait pas ou peu d’espace où danser au Sénégal, les métiers de la danse étaient encore peu valorisés ». C’est ainsi que l’aventure des danses modernes africaines a démarré à TDH !
Par Léa Borie – Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.16 d’avril-mai-juin 2020 (dossier spécial sport en Afrique)
« En 2013, avant d’ouvrir mon école de danse sénégalaise, je pensais : ‘On ne peut pas être au Sénégal, avoir envie de danser tout le temps sans avoir d’infrastructure pour le faire !’ » C’est pour elle l’occasion rêvée de s’engouffrer dans la brèche : de quoi générer de la valeur, créer des emplois et faire changer le point de vue de la population sur la danse. « Quand j’ai démarré mon activité, en 2013, à 24 ans, ça n’a pas été évident d’être comprise de suite. Il a fallu prouver qui j’étais. Danser ici à l’âge adulte nous classe vite côté bad boy qui refuse de travailler. J’espère participer à changer cette image de la danse, plus responsable, plus qualitative aussi, pour que les danseurs soient rémunérés à leur valeur. Une question de débat culturel, de formations des danseurs, d’attention auprès de la jeunesse. On collabore d’ailleurs avec une unité médicale à Dakar auprès d’enfants déficients mentaux, car la danse est un outil de développement marquant. »
The Dance Hall : des danses et des musiques variées
« Ici, on parle de danses modernes africaines, qui incluent des danses de différents pays, et donc différentes sonorités. Sur la dizaine de profs de l’école, chacun a sa spécialité. Sur le terme ‘‘afro beat’’, nous sommes en désaccord. Il s’agit davantage d’une musique que d’une danse. Les musiques sont transversales et forment un univers. Et sur ce fond musical, les participants accourent pour se détendre dans une bonne ambiance et un esprit de famille, s’amuser, perdre des calories et gagner en bonne humeur ! »
Un travail de recherches sur les danses traditionnelles africaines
Comment éviter que ces danses ne se perdent pas ? Comment mieux les transcrire et les partager sans les distordre ? Un travail avec l’Université de Dakar, unité de recherche en ingénierie culturelle en anthropologie. De quoi exposer, lors d’un symposium en 2018, les spécificités des danses africaines. Contrairement aux danses classiques, qui ont une entrée, une sortie, et dont les pas ont des noms, ici, on n’est pas sur des danses codifiées, elles fonctionnent à l’instinct. De ces recherches en ressort un rapport d’une centaine de pages, La codification des danses africaines, Revue de l’art et perspectives de recherche, remis en janvier dernier au ministère de la Culture sénégalais.
Remerciement
Merci à Mariama Touré, de The Dance Hall.