Présidente de la Fédération tunisienne des sports scolaires et universitaires. Propos recueillis par Floriane Cantoro.
Extrait du magazine WOMEN SPORTS AFRICA N°2 de janvier à juin 2021.
WOMEN SPORTS : Eya, vous êtes la seule femme en pays arabes responsable d’une telle fédération. Racontez-nous votre parcours.
Eya Balti : J’ai toujours évolué dans le milieu du sport. Je suis diplômée de l’Institut Supérieur du Sport et de l’Éducation Physique du Kef. En 2003, j’ai été recrutée en tant que professeure d’éducation physique dans un lycée. Puis, j’ai été nommée Déléguée régionale du sport universitaire au sein du gouvernorat de Gabès en 2010. Deux ans plus tard, j’ai occupé ce poste de Déléguée au niveau national. Depuis 2019, je suis Présidente de la Fédération tunisienne des sports scolaires et universitaires (FTSSU). J’ai été choisie par le ministre des Sports et je suis effectivement la seule femme nommée à ce poste en pays arabes.
Quelles sont les missions prioritaires de la FTSSU ?
Notre mission principale est de faire la promotion du sport au sein des établissements scolaires et des établissements d’enseignement supérieur. C’est d’ailleurs une des spécificités de la Tunisie de mélanger le sport scolaire et le sport universitaire au sein d’une même fédération ; dans la plupart des autres pays, ils sont gérés séparément. Dans le cadre de notre mission, l’objectif est de créer une association sportive au sein de chaque école et de chaque université du pays, afin de rendre le sport accessible à tous les élèves et tous les étudiants tunisiens. Le second axe vers lequel j’ai orienté ma politique c’est la promotion de la pratique sportive féminine. Je suis d’ailleurs présidente de la commission « sport féminin » au sein de l’Union arabe des universités.
Que pouvez-vous nous dire sur la pratique sportive féminine en Tunisie ?
Les filles en Tunisie sont de plus en plus nombreuses à faire du sport. Les parents ont compris l’importance de l’activité physique pour la santé et le bien-être de leurs enfants, mais aussi pour leur éducation et le développement chez eux de nouvelles compétences : esprit d’équipe, autonomie… Depuis quelques années, le sport tunisien, et même plus globalement le sport arabe, a axé sa stratégie sur la promotion de la pratique féminine. Le but est que chaque femme puisse faire du sport, et que cela devienne une vraie stratégie de vie. En Tunisie, cette politique est largement soutenue par le ministre des Sports actuel et la secrétaire d’État qui est une femme. La stratégie est aussi d’encourager les femmes entraîneures. Par ailleurs, le recrutement du Délégué du sport scolaire dans chaque gouvernorat du pays obéit à une exigence d’égalité hommes-femmes.
Quelles sont les pratiques favorites des jeunes tunisiennes ?
Nos étudiantes s’orientent beaucoup vers les sports collectifs : football, handball, volley-ball. Certaines choisissent le sport individuel avec une majorité des concentrations autour de l’athlétisme.
Quelle est votre stratégie pour capter ce jeune public sportif féminin ?
Pour inciter un plus grand nombre de jeunes filles à faire du sport à l’école ou à l’université, nous essayons au mieux de diversifier les activités sportives proposées en intégrant de nouveaux sports. Malheureusement, on a une petite baisse d’engagement des filles pour le sport pendant les études supérieures, le sport n’étant plus obligatoire à l’université. Nous allons travailler sur cette lacune en créant plus de clubs, et donc en offrant un meilleur accès au sport à ces jeunes filles. Nous n’hésitons pas non plus à prendre en exemple nos championnes tunisiennes actuelles, qui sont toutes passées par la pratique scolaire puisque le sport est inscrit au programme des écoles. Il s’agit de susciter les envies et de faire éclore les futurs noms du sport tunisien féminin.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur la page Facebook de la FTSSU.