Kirsty Coventry : « Porter le drapeau du Zimbabwe aux Jeux Olympiques fut la fierté de ma vie »

Kirsty Coventry. Photo by Icon Sport

Elle est un symbole à plus d’un titre. Multi médaillée olympique en natation, Kirsty Coventry fut la première championne blanche de l’histoire du Zimbabwe, un pays qui, selon ses propres termes, a connu « la division raciale ». Elle est aujourd’hui ministre des Sports et membre du CIO. En marge de la présentation des JOJ de Dakar 2026 dont elle dirige la commission de coordination du CIO, Kirsty Coventry a accepté de répondre à quelques questions très personnelles sur sa carrière. PROPOS RECUEILLIS PAR KENAN CHANSON. Extrait du WOMEN SPORTS AFRICA N.6.

WOMEN SPORTS AFRICA : DE 1990 À 2008, VOUS AVEZ GAGNÉ UN NOMBRE INCROYABLE DE MÉDAILLES DANS QUASIMENT TOUTES LES COMPÉTITIONS. QUEL EST VOTRE MEILLEUR SOUVENIR ?

KIRSTY COVENTRY : Quand j’avais 9 ans, je rêvais d’aller aux JO et de gagner une médaille d’or. Le fait d’avoir réalisé cela à 21 ans était incroyable. C’était la récompense d’un énorme travail, de beau- coup de sacrifices, tels que quitter ma fa- mille pour partir étudier et m’entraîner aux États-Unis. Il y a encore plein de choses qui resteront des moments inoubliables pour moi mais cette médaille se démarque vrai- ment du reste car elle est le reflet d’un long parcours. C’est une vraie fierté.

APRÈS LES JO DE 2008, VOUS ÊTES RENTRÉE AU ZIMBABWE AVEC QUATRE MÉDAILLES AUTOUR DU COU. LE PRÉSIDENT ROBERT MUGABE VOUS A DÉSIGNÉE COMME « UNE FILLE DU ZIMBABWE ». DANS LE CONTEXTE DE L’ÉPOQUE, QU’EST- CE QUE CELA REPRÉSENTAIT POUR VOUS ?

C’était un grand honneur ! Je suis née au Zimbabwe, ma famille est zimbabwéenne depuis quatre générations mais en 2004, il y avait beaucoup d’instabilité dans le pays, notamment de la division raciale. En regardant en arrière, le président et le gouvernement ont montré un très grand respect à moi et ma famille. Je pense qu’être ré- compensée par votre pays, votre président pour ce que vous avez fait et accompli est quelque chose dont vous devez être fière. C’était un moment incroyable.

POUR LES JEUX OLYMPIQUES DE 2016, VOUS ÉTIEZ DÉSIGNÉE PORTE- DRAPEAU DU ZIMBABWE. EST-CE QUE LE FAIT D’AVOIR CE RÔLE EN ÉTANT UNE FEMME BLANCHE VOUS A RENDU FIÈRE ?

Oui bien sûr, encore aujourd’hui j’en suis très honorée. Obtenir la reconnaissance de mon pays pour la carrière que j’ai eu et mes nombreuses participations aux Jeux Olympiques m’a vraiment rendue fière. C’était incroyable d’avoir eu cette opportunité de porter le drapeau de mon pays, surtout qu’il s’agissait de mes derniers Jeux Olympiques. C’était très spécial de recevoir cet honneur et le fait d’avoir eu à mes côtés des coéquipiers fantastiques qui m’ont tous supportée a vraiment sublimé ce moment. Pouvoir participer aux JO, dans le stade national, lors de la grande cérémonie d’ouverture, avec votre drapeau, ce sont des émotions que vous n’oubliez jamais. Pour moi, c’était le meilleur scénario possible pour clôturer l’incroyable chapitre de ma carrière sportive, j’en serais toujours reconnaissante.

VOUS AVEZ EU UNE CARRIÈRE SPORTIVE INCROYABLE. VOUS AVEZ PLACÉ VOTRE PAYS SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE OLYMPIQUE. AVEZ-VOUS NÉANMOINS CONNU DES ÉCHECS ?

Oui beaucoup ! Je pense que cela fait partie de la vie de tout athlète et maintenant que je suis à la retraite sportive, je pense que ça fait tout simplement partie de la vie. Il y a toujours des obstacles, des challenges auxquels on doit faire face. Je pense qu’il faut juste trouver comment regarder et comment affronter ces difficultés pour les surmonter. Je suis vraiment chanceuse d’avoir eu à mes côtés une famille et un groupe qui m’ont toujours remarquablement supportée durant ma carrière et encore même aujourd’hui. J’ai une petite équipe autour de moi qui m’aide vraiment à accomplir tous les rôles qu’on me confie au sein du Comité International Olympique. Donc je pense que pour faire face aux différents échecs, il faut avoir une équipe forte, il faut croire en soi, et il faut surtout choisir de regarder ces obstacles comme un moyen d’ap- prendre de nouvelles choses, de grandir et d’avoir de nouvelles opportunités. Ces barrages, ces difficultés, peuvent servir de moyens de devenir plus grand, de se refocaliser sur soi-même et de changer, de s’adapter, de pivoter et surtout d’essayer de nouvelles choses. Finalement, j’ai eu une carrière très longue remplie de succès mais aussi d’échecs, à tel point qu’il faudrait beaucoup de temps pour que je puisse tous vous les racon- ter (rires). Ils m’ont vraiment aidé à de- venir une meilleure athlète et une meilleure personne.


Biographie

Kirsty Coventry naît le 16 septembre 1983 à Harare, au Zimbabwe. Ses parents dirigent une entreprise de chimie industrielle et de produits ménagers près de la capitale. Kirsty baigne dans un environnement de natation (c’est le cas de le dire !) avec un grand-père président d’une association de natation, des parents ayant pratiqué cette discipline et un oncle ayant représenté le Zimbabwe en compétition. Kirsty Coventry découvre très tôt l’environnement des sports aquatiques et apprend même à nager dès 1 an et demi. Mondiaux de natation, Jeux Africains, Jeux du Commonwealth et surtout Jeux Olympiques, entre 1990 et 2016 la nageuse rafle un nombre incroyable de médailles et se voit à vingt-cinq reprises décorée d’or au long de sa carrière. En 2012, Kirsty Coventry devient membre du Comité International Olympique après avoir été élue par ses pairs. Puis elle devient ministre des Sports du Zimbabwe en 2018. Elle dirige actuellement la commission de coordination du CIO des Jeux Olympiques de la Jeunesse qui se dérouleront à Dakar en 2026.

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