Sept candidats, parmi lesquels le Français David Lappartient, briguaient la succession de l’Allemand Thomas Bach à la tête du Comité international olympique (CIO). Un nombre de candidats inédit en 130 ans d’histoire du CIO. Après six mois de campagne, Kirsty Coventry a été élue 10e présidente du CIO. La première femme présidente dans l’histoire de l’institution de Lausanne a succédé officiellement à Thomas Bach le 23 juin dernier. PAR EMMANUEL FRATTALI. Extrait du WOMEN SPORTS AFRICA N°11.
Alors que tout le monde prédisait une élection longue et serrée, il n’aura fallu qu’un tour pour désigner le successeur de l’Allemand Thomas Bach. Une tradition dans l’histoire olympique. Jamais une élection n’a eu besoin de plus de deux tours. Avec 49 voix sur 97, la Zimbabwéenne s’est imposée largement, loin devant l’autre favori, Juan Antonio Samaranch Jr. (28 votes). Encore plus loin derrière : David Lappartient, le Français Sébastien Coe (8 votes), pourtant annoncé parmi les favoris. Le Français David Lappartient pensait « être dans la course » avant le vote. En réalité, pas du tout. Rééligé en toute logique et de l’OCI n’a récolté que 4 votes.
« LE LEADERSHIP FÉMININ NE DEVRAIT PAS ÊTRE L’EXCEPTION, MAIS LA NORME AU SEIN DES ORGANISATIONS SPORTIVES. »

Ancienne nageuse de 41 ans, Kirsty Coventry était la seule femme candidate. L’ex-ministre des Sports du Zimbabwe, africain affiche un palmarès olympique impressionnant avec sept médailles dont deux en or en cinq éditions, une expérience gouvernementale, ministre des Sports), ainsi qu’une ascension fulgurante au sein du CIO: entrée en 2013, elle a présidé la commission des athlètes, siégé depuis 2018 à la commission exécutive et dirigé la commission de coordination des JO 2032 de Brisbane. Annoncée comme la favorite de Thomas Bach, elle a mené sa campagne sans déclarations tapageuses. « Les femmes sont prêtes à diriger. Lors des JO de Paris 2024, nous avons atteint la parité en compétition, mais dans les fédérations et les comités nationaux, l’écart reste important. L’accès aux postes de direction reste inégal, ce qui se reflète dans la participation des femmes au sport en général. Il ne s’agit pas seulement d’augmenter le nombre de femmes dans le sport, mais de veiller à ce qu’elles aient une voix et un droit de vote aux postes clés. Le leadership féminin ne devrait pas être l’exception, mais la norme au sein des organisations sportives », assurait-elle avant l’élection. « Aujourd’hui, un plafond de verre a été brisé et je suis pleinement consciente de mes responsabilités en tant que modèle », a immédiatement réagi la nouvelle élue. « Le sport a le pouvoir inégalé de rassembler, d’inspirer et de créer des opportunités pour tous. Je m’engage à faire en sorte que nous exploitions ce pouvoir au maximum. Avec l’ensemble de la famille olympique, athlètes, supporteurs et sponsors compris, nous nous appuierons sur nos fondations solides, nous adopterons l’innovation et nous défendrons les valeurs de l’amitié, de l’excellence et du respect. L’avenir du Mouvement olympique est radieux. J’ai hâte de me mettre au travail ! »
Sa feuille de route est centrée autour de la responsabilité environnementale et de l’héritage durable : « Les Jeux olympiques sont notre bien le plus précieux et doivent rester notre priorité absolue. Nous devons protéger le caractère unique des Jeux en innovant et en nous adaptant constamment à un public mondial et multiple. En effet, la croissance pour la croissance n’est plus tenable. Avec 10 500 athlètes olympiques l’été et 2 900 athlètes olympiques l’hiver participant déjà aux Jeux, l’ajout de nouveaux sports et compétitions doit être mis en balance avec les sports existants, la capacité des villes hôtes et l’écosystème olympique dans son ensemble. »
Le nouvel élu dirigera l’organisation multisports la plus riche du monde, avec des revenus d’environ 7 milliards de dollars (6,4 milliards d’euros) par cycle de quatre ans.
Thomas Bach part « très détendu »
Interrogé sur son état d’esprit avant de passer la main, Thomas Bach s’est dit « très détendu », estimant être « en paix » avec lui-même après avoir « donné » à l’olympisme. Notamment car pour la première fois de sa présidence, il n’a « pas de crise existentielle » pour le mouvement olympique ou les Jeux Olympiques’ à gérer. Or, entre la pénurie de villes candidates à l’accueil des JO, le scandale du dopage russe, le Covid-19 et les
conséquences de la guerre en Ukraine, l’Allemand de 71 ans a enchaîné les crises « pendant les 12 années » de son mandat, rappelle-t-il. « Dans de telles situations, je me suis senti aussi seul qu’on peut l’être. Aujourd’hui, je peux donc mettre ce qu’il point du tout « passé », a contesté le Bavaroise, avant de louer la « cohésion » du mouvement olympique.
cela m’a pesé que les Jeux parisiens représentaient « le point culminant » de son « long voyage » à la tête du monde sportif, en voyant aboutir les réformes qu’il avait lancées dix ans plus tôt. Parmi elles : chez les athlètes, impact environnemental limité par l’emploi d’infrastructures existantes, concurrents venus de 204 pays… et « pas de conflits en cours… ». Paris 2024 a condensé l’héritage que souhaitait laisser l’Allemand de 71 ans, saluant au passage formellement la main le 23 juin dernier à Kirsty Coventry.























