Dounia Mesli est passionnée de football, un sport qu’elle a longtemps pratiqué en loisir avant d’en faire son métier en devenant journaliste de sport et en créant son propre média spécialisé. Un sport qui, surtout, lui aura permis de grandir sereinement et de trouver sa place dans la société. Récit d’une émancipation.
Par Floriane Cantoro
Dounia Mesli est tombée amoureuse du football à quatre ans, en jouant sur la terrasse de l’appartement de ses parents en Algérie. La jeune femme, aujourd’hui âgée de 25 ans, journaliste et fondatrice du média «Coeurs de Foot», a pourtant un CV bien atypique pour une passionnée de ballon rond : mise à part une année à Hénin-Beaumont en 2013, elle n’a pratiquement jamais joué en club ! La raison : ses parents ne voulaient pas qu’elle fasse du football car ils considéraient que c’était un « sport de garçon ». « Ils avaient peur que je devienne moins féminine, et que je ne puisse pas me marier ; c’est culturel », explique Dounia, inscrite à la place dans une école de danse classique, un sport qui correspondait sans doute mieux aux aspirations d’une mère pour sa fille.
Elle joue en cachette de ses parents
Malgré tout, Dounia Mesli joue au football pendant toute son enfance et toute son adolescence. Elle joue avec les garçons pendant la récréation à l’école, puis au collège et en cours d’EPS. Près de chez elle, il y a un terrain de foot synthétique sur lequel elle se rend dès qu’elle a du temps libre, un peu en cachette de ses parents. Une histoire qui rappelle celle de Jess Bhamra dans la célèbre comédie britannique «Joue-la comme Beckham» : une jeune femme d’origine indienne passionnée de football comme son idole David Beckham, obligée de jouer en secret pour ne pas avoir à affronter ses parents qui souhaiteraient plutôt qu’elle se marie dans les traditions du pays.
« Le fait de jouer avec des garçons m’a aidée à mûrir, à me renforcer, à apprendre à être une dure à cuire. »
Mais, à la différence de l’héroïne du film, ce n’est pas dans une équipe de football féminine que Dounia a fait ses gammes, mais au milieu des garçons de son école et de son quartier parisien. « Le fait de jouer avec des garçons m’a obligée à mûrir, à me renforcer, à apprendre à être une dure à cuire. En plus de ça, j’ai un parcours de vie assez atypique : je suis arrivée en France pour que mon frère, malade, puisse bénéficier de soins appropriés et pour fuir le terrorisme en Algérie. J’ai trouvé dans le sport et dans le football le moyen de me ressourcer, de ne pas penser aux choses négatives et aux problèmes, et un moyen de m’émanciper. Ça m’a donné beaucoup d’armes pour être sereine et confiante dans la vie. »
« Grâce au football, je me sens légitime »
Aujourd’hui, Dounia n’a malheureusement plus trop le temps de taper le ballon… Avec son métier de journaliste, elle est en déplacement tous les week-ends pour suivre les matchs, sans compter les rassemblements de l’équipe de France qui la conduisent jusqu’à Clairefontaine, et les articles et interviews à produire dans l’intervalle. C’est désormais son rythme de vie qui est sportif !
Même si c’est parfois « frustrant » d’être sur le bord du terrain, elle a trouvé avec son média «Coeurs de Foot», spécialiste du football féminin, un autre moyen de vivre sa passion et de mettre du sport dans sa vie. « C’est un sacrifice que je fais pour le sport féminin. Pour qu’on arrête de dire aux petites filles qui font du football qu’elles sont des «garçons manqués» comme cela a pu être mon cas. […] J’ai toujours voulu faire quelque chose de ma vie et être utile à la société. Aujourd’hui, je trouve que j’ai ma place et que je suis légitime grâce au sport. En parlant de football féminin, en aidant les joueuses à être mieux représentées sur un plan médiatique, j’ai vraiment l’impression de servir à quelque chose. »
Un effort récompensé en décembre dernier, lorsque la Norvégienne Ada Hegerberg, attaquante de l’Olympique lyonnais, a reçu le premier Ballon d’or féminin France Football de l’histoire. « J’avais fait son interview fin août, explique Dounia. Je suis super fière qu’elle ait décroché ce Ballon d’or parce que j’ai l’impression d’y avoir un peu contribué en participant à sa campagne médiatique de nominée. » Reste maintenant à valoriser tous ces efforts avec la Coupe du monde.
En septembre 2018, FDJ a lancé une nouvelle campagne intitulée « Pour chaque femme, le sport est une chance ! » afin de lever les freins à la pratique du sport par les femmes. Premier partenaire du sport tricolore, l’opérateur de jeux a choisi de donner directement la parole aux femmes qui ont mis du sport dans leur vie et avec lesquelles il partage la conviction que, pour chaque femme le sport est une chance. « Nous avons besoin de faire émerger une bienveillance collective autour du sport féminin, de faire passer le message que le sport a toute sa place dans la vie des femmes et que les femmes ont toutes leur place dans le sport », résume Stéphane Pallez, Présidente Directrice Générale de FDJ. Women Sports devient alors une fenêtre d’expression pour les femmes qui accepteront de partager leur expérience. Elles seront autant de modèles inspirants pour celles qui doutent encore, ou qui ne se sentent pas toujours à la hauteur.
Lire aussi les autres témoignages de la campagne FDJ « Pour chaque femme, le sport est une chance ! » :
– Catherine, 58 ans : « Se prouver que l’on est capable »
– Lucienne, 72 ans : « Le sport m’a peut-être sauvé la vie »