Jeux de la Francophonie : Isidore Kwandja Ngembo évoque « le bilan positif » et les héritages des Jeux 2023

Kinshasa. Photo by Shutterstock.

Les 9es Jeux de la Francophonie se sont déroulés cet été, en République démocratique du Congo, et plus particulièrement à Kinshasa. Un succès, tant sur l’organisation, que sur l’enthousiasme de la population et des athlètes concurrents. Isidore Kwandja Ngembo, directeur national des 9èmes Jeux de la Francophonie, nous a accordé un entretien exclusif. 

Pouvez-vous nous faire le bilan des Jeux de la Francophonie 2023 ? 

Globalement, le bilan est positif, même si, c’est vrai, on a eu quelques difficultés au départ. 

Vous savez, la 9e édition des Jeux de la Francophonie était initialement prévue au Nouveau-Brunswick, au Canada, depuis 2017. Mais en janvier 2019, le pays a renoncé à l’organisation de l’événement. Cette période coïncidait avec l’élection du président Félix-Antoine Tshisekedi. Ce dernier a accepté en avril 2019 que la République démocratique du Congo présente sa candidature. Quelques mois plus tard, la RDC s’est vu attribuer l’organisation des Jeux de la Francophonie. Mais on lui donnait « seulement » deux ans non pas quatre pour les organiser. À l’origine, ils devaient avoir lieu en 2021. 

C’était déjà un pari très difficile à tenir pour la RDC parce qu’il n’y avait pas suffisamment d’infrastructures sportives. Mais on a quand même accepté. C’était pour le gouvernement congolais l’occasion, justement, d’investir dans la construction des infrastructures qui resteront pour les générations futures. Mais arrivé en 2020, il y a la COVID qui s’est invitée, et qui a tout perturbé. Toutes les rencontres internationales ont été reportées. Et donc les Jeux avaient été également reportés de 2021 à 2022.

J’ai été nommé directeur en octobre 2021. Les constructions des infrastructures n’étaient pas terminées. Pourtant, et dès mon arrivée, nous avons travaillé dur pour pouvoir organiser les Jeux de Kinshasa. Mais en février 2022, l’OIF a estimé que les délais étaient trop courts pour organiser les Jeux en août 2022. Donc les Jeux ont été reportés pour la seconde fois en 2023. 

À force de travail, mais aussi grâce à l’implication personnelle du président de la République qui faisait lui-même des descentes sur les chantiers, pour voir l’évolution des préparatifs, que ce soit en ce qui concerne la sécurité, la santé, le logement, la restauration, ou encore pour s’assurer que tout se passe normalement… Les Jeux ont finalement pu avoir lieu, et accueillir les délégations et athlètes. 

Au final, que ce soit au niveau de l’organisation, de la sécurité, ou encore des résultats, je peux dire que les Jeux ont été un véritable succès, sur tous les points. 

Les Jeux ont-ils largement été suivis ?

Pendant dix jours, les activités ont été intenses. Les différents gymnases étaient pleins de monde ! La population congolaise s’est mobilisée pour accueillir dans la joie et l’allégresse les différentes délégations.  La cérémonie d’ouverture a été grandiose. 120 000 personnes y ont assisté. 80 000 depuis le stade, et le reste depuis l’extérieur. On peut compter le double pour la cérémonie de clôture, grâce aux activités au stade et à l’esplanade du Palais du peuple.

Il y a vraiment  eu un engouement terrible de la population congolaise dont certains, vers la fin des Jeux, venaient me demander si on ne pouvait pas encore ajouter une semaine de compétition !

Les Jeux vont-ils, selon-vous, susciter des vocations ?

On suscite déjà beaucoup de vocations. Par exemple, le tennis de table en RDC, ce n’est pas une activité qui est très prisée. Mais pendant les Jeux, un grand gymnase que nous avons construit pour le tennis de table était toujours plein à craquer ! Aujourd’hui, les jeunes gens commencent à s’intéresser à cette activité sportive. C’est la même chose aussi pour les judo, ou encore pour la lutte libre. 

Les jeunes qui sont allés pendant les 10 jours à Kinshasa, s’intéressent à de nouvelles activités sportives. C’est vraiment quelque chose de bien, d’autant plus qu’ils sont intéressés, mais qu’ils ont aujourd’hui également des infrastructures à portée de main pour pouvoir s’entraîner et devenir des champions. 

Place à la suite, comment allez-vous faire en sorte qu’il reste un héritage de ces Jeux 2023 à Kinshasa, au niveau des infrastructures ? 

Le premier, ce sont évidemment les infrastructures. Nous sommes partis de zéro, et aujourd’hui, ces infrastructures servent pour nos jeunes athlètes qui se préparent pour Paris 2024 et pour d’autres compétitions au niveau africain. Nous en avons aujourd’hui pour les baskets, le football, les judos, la lutte africaine, les tennis de table, et bien plus. Et ce sont des infrastructures qui sont multi-sports, qui peuvent servir à d’autres activités sportives qui n’étaient pas prévues initialement dans le cas des Jeux de la Francophonie. La ville de Kinshasa a bénéficié de plusieurs infrastructures, y compris un grand restaurant qui a été construit mais aussi le village des athlètes qui vont servir pour accueillir d’autres événements.

Et juste après les Jeux de la Francophonie, un mois après, on a accordé à la RDC d’organiser la Coupe d’Afrique des Nations des Handball féminine. Donc, ça veut dire qu’on a estimé que la RDC avait maintenant suffisamment d’infrastructures, avait de l’organisation, avait du matériel et pouvait organiser un autre événement sportif dans le continent. 

Nous allons également organiser les Jeux de la RDC, pour permettre à ce que les jeunes congolais puissent avoir la possibilité d’aller visiter d’autres provinces, c’est-à-dire d’aller disputer des activités sportives, des compétitions qui se font au niveau interprovincial. Ça leur permettra de visiter le pays, mais aussi de pratiquer leur sport favori.

En début d’année prochaine, on va commencer à réfléchir à mettre en place un comité qui sera chargé de la gestion de toutes ces infrastructures, qui demandent un bon entretien, pour que les jeunes continuent à faire des activités. Donc, la première chose, ça serait d’abord qu’on mette en place un comité pour gérer des infrastructures, et que ce même comité puisse également organiser des compétitions dans ces infrastructures sportives-là.

Et ça serait un grand lègue que les Jeux de la Francophonie auront laissé à la jeunesse congolaise.

Les Jeux ont été un succès niveau popularité. Comment faire en sorte que les prochaines éditions le soient aussi ?

Selon moi, il faut qu’il y ait une très bonne communication pour présenter les aspects positifs des Jeux de la Francophonie. Dans notre organisation, on avait toute une commission chargée de la communication et du marketing. Et ces commissions-là avaient pour mandat, notamment, de travailler avec les différents médias, tant nationaux qu’internationaux, partager l’information, présenter les biens fondés pour les pays, pour la jeunesse et pour la francophonie, d’organiser de tels événements. 

Les Jeux permettent à ce que les jeunes francophones, qu’ils soient d’ici, qu’ils soient du nord, de l’est, de l’ouest, se connaissent, se côtoient. Et c’est comme ça que nous allons renforcer notre francophonie. Donc il faut sensibiliser l’opinion.

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