En 2018, à 16 ans, Mialitiana Clerc est devenue la première athlète malgache à participer aux JO d’hiver (Pyeongchang). La native de Madagascar a remis ça en 2022 à Beijing, et poursuit son rêve d’or olympique. Rencontre. PROPOS RECUEILLIS PAR RUBEN DIAS. Extrait Women Sports Africa N.6.
WOMEN SPORTS AFRICA : DEUX ÉDITIONS CONSÉCUTIVES QUE VOUS PARTICIPEZ AUX JEUX OLYMPIQUES ET QUE VOUS ÊTES PORTE DRAPEAU DE MADAGASCAR… QUE RESSENTEZ-VOUS ?
MIALITIANA CLERC : Je ressens beau- coup de fierté. En 2018, je ne savais pas du tout que je pouvais participer aux JO. Après avoir fait quelques courses, mon père s’est renseigné et m’a dit que j’avais la possibilité de courir pour Madagascar et me qualifier pour les Jeux Olympiques. Je n’ai pas vraiment eu de préparation. Lors de ma première participation, l’objectif était juste de prendre de l’expérience. Et devenir une vraie olympienne en faisant mes courses.
ENTRE LA PREMIÈRE ET LA DEUXIÈME FOIS, QUELLES ONT ÉTÉ LES DIFFÉRENCES ?
Pour préparer Beijing 2022, lors des quatre années entre les deux Jeux, j’ai pris un entraîneur. J’avais un programme plus personnel. J’étais toute seule avec un coach qui se concentrait sur une athlète. J’ai énormément progressé. Pas que sur les skis d’ailleurs, physiquement et mentalement aussi.
UNE BLESSURE VOUS A COUPÉE PENDANT VOTRE PRÉPARATION…
Il y a un an, je me suis blessée sur les skis. Cela m’a coupée dans ma préparation et je n’ai eu que quelques mois pour me rétablir et être prête pour les JO. Avec beaucoup de travail, j’ai réussi. Je suis re- venue et j’ai pu atteindre mes objectifs. Je voulais faire deux Top 40. Ce qui est mieux que lors de mes premiers Jeux. Et malgré le fait que ma forme physique n’était pas parfaite, les résultats obtenus sont mieux que ce qu’on avait prévu.
VOUS ÊTES LA PREMIÈRE MALGACHE À PARTICIPER AUX JEUX OLYMPIQUES D’HIVER. QUELLE A ÉTÉ VOTRE SENSATION LA TOUTE PREMIÈRE FOIS QUE VOUS AVEZ APPRIS LA NOUVELLE ?
C’est une fierté de représenter mon pays. Et cela a commencé avant même les JO en eux même, avec la cérémonie (où elle était porte-drapeau, ndlr). J’étais très émue, je pense que cela se voit sur les images. C’était incroyable. Je savais que beaucoup de monde me regardait. Il y en a forcément qui se sont étonnés se disant ‘Oh cette année il y a Madagascar aux JO’. Je me suis sentie fière de moi. Fière d’être arrivée jusqu’ici.
VOUS AVEZ GRANDI EN HAUTE SAVOIE, MAIS VOUS AVEZ DÉCIDÉ DE REPRÉSENTER MADAGASCAR. POURQUOI CE CHOIX ?
J’avais un choix à faire. Soit intégrer un pôle espoirs ici en France. Par exemple au Mont-Blanc, il y a une classe avec les meilleurs filles françaises de mon âge qui s’entraînent en groupe. Ce qui comprenait ski étude. Soit représenter Madagascar et faire des études à distance. J’ai choisi la deuxième option.
ET CELA MALGRÉ LES DIFFICULTÉS ?
Exactement, parce que pour pouvoir m’entraîner au même rythme que les autres filles, il fallait que je puisse être libérée pour mes entraînements et mes courses. Mes cours n’étaient pas vraiment optimisés pour que je pratique le ski, comme cela peut être le cas en sport études. Mais c’était une très belle opportunité et je suis ravie de l’avoir saisie.
QUELS SONT VOS OBJECTIFS AVEC MADAGASCAR ?
J’ai envie de rendre mon pays fier. Mon objectif est de faire des podiums en Coupe du monde, des médailles aux Jeux Olympiques… de devenir l’une des meilleures skieuses mondiales. Et si en plus de cela, je représente Madagascar, je serais aussi la première Malgache à le faire. Je ferai découvrir le ski à Madagascar et je pourrai être un modèle pour les jeunes africaines. Certaines n’ont peut- être pas la possibilité de vivre la même expérience et de voyager autant. Mais j’ai envie qu’elles prennent conscience d’une chose : si elles ont un rêve, il faut qu’elles le gardent dans un coin de leur tête. Il faut toujours avoir un objectif à atteindre. Et si elles y croient, elles peuvent réussir de très grandes choses.