Courir, c’est bien. Courir pour la bonne cause, c’est encore mieux ! En Afrique, de nombreux événements sportifs « solidaires » ont vu le jour au cours des dernières années. Des treks, des raids, des courses d’orientation : il y en a pour tous les goûts et surtout pour toutes les causes.
Par Vanessa Maurel
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.16 d’avril-mai-juin 2020
SÉNÉGAZELLE
La Sénégazelle est une épreuve sportive mais aussi un moment d’échanges et de rencontres. En clair, cette course exclusivement féminine permet aux participantes de courir dans le but d’apporter du matériel scolaire à des enfants. Chaque jour, leur course (d’une dizaine de kilomètres) prévoit une arrivée dans une école, où chaque « gazelle » amène un petit colis de fournitures qu’elle aura elle-même préparé. Elle pourra le donner en main propre à des élèves. En 2017, 15 tonnes de fournitures scolaires ont été distribuées pour environ 250 participantes, ce qui représente plus de 20.000 élèves dotés. www.senegazelle.fr
TREK ELLES MARCHENT
Lâchées dans le désert du Maroc, les participantes, par équipes de quatre, doivent s’orienter à l’aide d’une carte et d’une boussole pour trouver trois bornes par étape, ainsi que le bivouac du soir, le tout sur une durée de quatre jours. À chaque borne, les sportives devront répondre à une question culturelle sur le Maroc ou relever un défi. Chaque bonne réponse ou défi réalisé permet à l’équipe de marquer des points supplémentaires. L’équipe totalisant le plus de points est désignée vainqueure. Le 5ème et dernier jour de l’aventure est consacré à une action solidaire, différente chaque année. En 2020, les actions auront lieu dans deux villages : Ramlia et Ouzina. Pour aider les villageois, les participantes planteront des palmeraies de dattiers extra (Aziza Bouzid et Boufeggous), fabriqueront des clôtures et réaliseront des torchis sur les fours à pain et sur les murs. www.trekellesmarchent.com
10 KM POUR LA PAIX
Le 10 km pour la paix, qui se déroule à Rabat depuis 2016, a été initié par les premières dames, femmes des ambassadeurs français en Afrique. Dans leur esprit, c’était clair : affirmer leur capacité à porter des projets. C’est pourquoi elles ont décidé de se servir de la Journée internationale du sport au service de la paix et du développement (le 6 avril) pour organiser une course qui « partage des valeurs », nous explique Marie-Cécile Tardieu, épouse de l’ancien Ambassadeur de France au Maroc, et ex-chef du service économique régional de Rabat. Parmi elles, « la tolérance, l’acceptation de l’autre, le partage », mais surtout « la solidarité ». Car au-delà du fait que chaque année, une partie des bénéfices est reversée à des associations, la course est surtout ouverte à tous, y compris à des personnes en situation de handicap. Lors de la dernière édition, 3.000 coureurs se sont prêtés au jeu et se sont concurrencés sur un parcours unique tracé dans Rabat, homologué par les instances de l’athlétisme. Aujourd’hui, Marie-Cécile Tardieu serait « heureuse qu’un partenariat se noue avec le 10 km pour la paix de Rabat afin que d’autres villes africaines organisent des courses autour de cette date ». www.10kmpourlapaix.com
SAHRAOUIYA
La Sahraouiya est un raid solidaire, exclusivement féminin, combinant plusieurs disciplines : le cyclisme, le canoë, le running, le trail, l’orientation et la natation. Lors de cette course, étendue sur une durée de huit jours, les participantes se dépensent pour une association caritative de leur choix. Chaque équipe, composée de deux personnes, rapporte de l’argent à l’association qu’elle aura choisie par le biais du montant de l’inscription. L’autre partie proviendra de la matinée de crowdfunding, organisée pour l’événement. Au total, ce sont plus de 30 associations soutenues aux niveaux national et international. www.sahraouiya.com
L’oeil de Marie-Cécile Tardieu
Les clés de la réussite d’une course solidaire :
- La qualité de l’événement sportif – les participants sont exigeants. Le fait de courir pour la bonne cause ne les conduira pas à être indulgents si les conditions logistiques ne sont pas à la hauteur. Il faut se rapprocher des standards des meilleures courses (t-shirts techniques, bornes kilométriques, fiabilité du parcours, fiabilité du chrono, disponibilité rapide des résultats).
- La qualité de la communication – les outils (réseaux sociaux, site internet) doivent démultiplier la résonance de la cause et permettre le ralliement. Il faut trouver des partenaires médias gratuits pour que cela ne réduise pas les retombées financières solidaires.
- L’importance de la transparence et du reporting pour rallier des sponsors sérieux et pérennes.
- L’importance de l’inclusion en s’appuyant sur des associations déjà organisées – il convient de travailler dans la durée, pas juste le temps d’une course – qui permettent d’amener des personnes fragiles ou à besoins spécifiques dans des conditions de sécurité garanties.

(Photo DR/.)