L’Afro House est née de la rencontre des danses traditionnelles africaines et de la house dance. Elle reflète la jeunesse africaine et urbaine d’aujourd’hui. Un dimanche, nous assistons à un stage de danse afro à l’Urban Arts Academy, à Lyon. Et c’est bien cet esprit que nous avons retrouvé, pour le plus grand plaisir de nos cuisses en feu !
Par Léa Borie – Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.16 d’avril-mai-juin 2020 (dossier spécial sport en Afrique)
« La musique tape, donc le pas doit taper aussi ! Tu dois te mettre au même niveau que la musique, c’est toi qui maîtrise le son. Eh ! N’oublie pas : plus tu sors ta hanche plus ton pas sera joli. Mets de la force dans tes bras ! » Son t-shirt et ses baskets rouges clinquants, Jessica Mokofio, en tête de salle, devant les miroirs, couvre la musique aux nombres de décibels indécents pour se faire entendre de ses élèves.
Cette Stéphanoise originaire de Centrafrique s’est formée aux différentes techniques hip hop, à la house, et aux danses africaines traditionnelles comme la danse burkinabaise avec la compagnie Doni Don. Aujourd’hui, elle s’attache à mélanger toutes les disciplines pour trouver son identité au sein de Urban Arts Academy. La jeune trentenaire a découvert l’Afro house en 2008. Mais elle estime que ce n’est vraiment que depuis 2015 que la danse Afro House a raisonné en France.
L’Afro House c’est quoi pour vous ?
« Ce n’est pas qu’un seul style ! C’est un mélange de pas de danses africaines que la nouvelle génération va revisiter. Je dirais même que c’est la musique qui insuffle le mouvement. On peut très bien retrouver un pas de bourré dans une choré, et pourtant ce n’est pas propre à la culture africaine. »
Kiffer la vibe de l’Afro House
« C’est celle qui me fait le plus vibrer, là où tu peux être le plus libre, tu te lâches complètement. Limite tu es possédée par la musique ! Une musique qui t’enjaille, comme on dit chez nous ! Et c’est ce qui me manquait dans le hip hop, que je trouve un peu m’as-tu-vu quand on avance en niveau, avec des clans. Ici, je fais en sorte qu’il n’y ait pas de différence de niveau justement : tout le groupe attend si une personne galère ! »
Un objectif : « Faire bouger l’afro dans la région Auvergne-Rhône- Alpes, tel un militantisme ! Et aussi faire en sorte d’éviter les amalgames : c’est l’occasion de montrer que l’afro c’est vraiment ça et pas autre chose ! »
Dans l’Afro House, pas de formation
« La validation de prof ne passe pas par un diplôme, mais par l’aval des Grands (danseurs, ndlr). Dans milieu, tu n’es pas reconnue par un jury mais par des profs importants. » C’est pourquoi Jess’ est souvent en déplacement à Paris ou au Portugal pour se former. Son mentor clé : Joseph Go ; celui qui a ramené l’Afro-house à Lyon.
Un peu plus loin dans l’afro avec Denatora
Après Jessica, un autre professeur a animé le stage Afro. Un homme cette fois. Même salle, autre ambiance, avec ce danseur venu de la capitale française pour faire trembler le dance-floor lyonnais. Denatora (ou Dena), de son vrai nom Abdoul Sow, est un danseur et musicien parisien originaire du Mali.
Ancien danseur de Jessy Matador, il s’est lancé dans la musique, avec le label Paradise Music, un style entre urbain et kizomba. Il danse sur de l’afro-beat et est à l’origine de l’African New Style, un mélange de Nombolo, de coupé- décalé et de hip hop, avec des pas issus du Nigéria, du Ghana ou encore d’Afrique du Sud.
Denatora a voyagé dans de nombreux pays d’Afrique pour s’immerger dans les cultures africaines et dans leurs danses, dont le Sénégal, le Mali, le Cameroun, Madagascar, la Côte d’Ivoire, ainsi que la République démocratique du Congo. Cette dernière a été une véritable révélation en termes de danses. S’il a autant voyagé, c’est parce que ce qu’il aime avant toute chose, ce sont les cultures. « Je me suis rendu compte que de rester à sa place, ce n’est pas une vie ! »