Depuis trois ans, la triple championne du monde de karaté Laurence Fischer, se rend régulièrement en République démocratique du Congo pour aider les femmes victimes de viol à se reconstruire. Elle leur apprend à se réapproprier leur corps mais aussi avant tout à le défendre.
Depuis qu’elle s’est retirée de la compétition en 2006, la karatéka Laurence Fischer n’a qu’une idée en tête : transmettre. Transmettre sa discipline aux jeunes qu’elle entraîne en Ile-de-France, mais également initier les femmes du monde entier à cet art martial de self-defense. « L’idée est d’aller à la rencontre des femmes qui ont des situations compliquées, qui sont vulnérables et pour lesquelles le karaté pourrait devenir un outil de reconstruction », explique-t-elle à nos confrères d’Arte. Dans le cadre de ce projet, Laurence Fischer se rend régulièrement en République démocratique du Congo, sur les rives du lac Kivu, à l’Est du pays. Là-bas, elle y rencontre des femmes victimes du viol de masse, fléau de la guerre qui sévit depuis vingt ans. Recueillies à la Fondation Panzi du docteur Mukwege, Laurence Fischer les aide à se reconstruire physiquement et psychologiquement ; à travers ses cours, elle leur apprend à se réapproprier leur corps, mais aussi à le défendre.
Au-delà des techniques de karaté, Laurence tente surtout de transmettre un peu de force et de confiance à ces femmes que le pays ignore : « Je me sens plus comme quelqu’un qui va les révéler dans le fait qu’elles existent », juge-t-elle. « Quand tu pratiques le karaté, la peur s’évapore et tu prends confiance en toi, confirme Sandra, l’une de ses plus anciennes élèves. Je regrette de n’avoir pas eu connaissance du karaté plutôt… ».
Afin de pérenniser son programme de reconstruction par le sport, Laurence Fischer a créé en 2017 l’association « Fight for Dignity », destinée à associer expertise sur le terrain et recherche. Lorsqu’elle rentre en France, c’est son assistant sur place Franck qui prend le relais. L’objectif, à terme, est qu’en sortant du centre Panzi, les femmes qu’elle a aidées aient la volonté de transmettre à leur tour.